Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
ANGIOLELLO.

nus elogio compareat, nisi in lucem studiosè producat cives suos Tranquillus Andronicus præclarus Ciceronis æmulator, dum gravissimarum actionum ac othomanicæ legationis, obscurorumque nobis itinerum Commentaria perscribit [1]. Ce passage insinue qu’Andronicus avait fait le voyage de Constantinople, ou comme envoyé, ou à la suite d’un ambassadeur. Konig n’use pas de tant de réserve ; il décide qu’Andronicus fut député en Turquie, et fit un livre sur sa négociation : Legationem ad Turcam obiit, eamque suis Commentariis illustravit. On ne saurait trop souvent fronder les auteurs qui amplifient ce qu’ils citent. Paul Jove ne parle que d’un ouvrage auquel Andronicus travaillait. Konig convertit cela en un livre donné au public.

(B) Il enseigna à Leipsick, en même temps que Mosellan. ] C’est de Simler que je sais cela : Hic, dit-il [2], litteras docuit Lipsiæ, Pet. Mosellani tempore. Il le nomme Tranquillus Parthenius Andronicus Dalmata, et lui donne une harangue imprimée à Augsbourg, l’an 1518, et à Vienne, l’an 1541. Le sujet de cette harangue est d’exhorter tous les princes d’Allemagne à la guerre contre les Turcs. On a une autre harangue de lui de Laudibus Eloquentiæ, et quelques vers latins [3]. Les Supplémens de Du Verdier nous donnent un dialogue du même auteur. Il a pour titre Sylla : les interlocuteurs sont César, Sylla, Pompée, Minos ; il est imprimé à Leipsick, in-8o. [4] : l’année de l’impression n’est point marquée dans ces Supplémens de Du Verdier.

  1. Jovius, in Elogiis, pag. 299.
  2. Epitom. Biblioth. Gesneri, pag. 806.
  3. Idem, ibid.
  4. Idem, ibid.

ANGIOLELLO (Jean-Marie), natif de Vicenze, a composé en italien et en turc une histoire de Mahomet II, laquelle il lui dédia. Elle fut agréablement reçue par ce fier sultan qui, outre les caresses qu’il fit à Angiolello, lui donna des marques de sa libéralité. L’auteur avait été témoin oculaire de ce qu’il rapportait ; car étant un des esclaves du jeune sultan Mustapha, il le suivit à expédition de Perse, l’an 1473. Je parle de la terrible guerre que Mahomet alla porter en personne avec près de deux cent mille combattans dans les états d’Ussun-Cassan. Il y a lieu de s’étonner qu’Angiolello, qui connaissait sans doute la fierté de cet empereur turc, ait osé redire les paroles outrageantes qu’Ussun-Cassan employa pour lui reprocher une naissance illégitime, lorsque d’une hauteur, qui était au bord de Euphrate, il eut découvert l’armée des ennemis. Peut-être Mahomet ignora toujours que l’histoire eût immortalisé cette injure ; car les princes ne savent pas tout ce qui est dans les livres qu’on leur dédie. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage d’Angiolello n’en fut pas moins bien reçu, ni moins bien récompensé [a]. Ceux qui le font fleurir en 1524 [b], le prennent un peu trop sur son arrière-saison ; mais ce qu’ils ajoutent, qu’il a composé la vie d’Ussun-Cassan, est plus juste. On imprima à Venise, l’an 1553, un ouvrage de Giov. Mario Angiolello della Vita e Fatti di Re di Persia [c], et l’on voit dans la bibliothéque de M. de Thou [d], Relatione della Vita e de’ Fatti del signor Usun-Cassan, par notre Angiolello. On a oublié de marquer l’année et le lieu de l’impression.

  1. Voyez l’Histoire de Mahomet II, par Guillet, tom. II, pag. 210, 218, 234.
  2. Konig, Biblioth. vet. et nova, voce Angelellus.
  3. Voyez le Catalogue d’Oxford.
  4. Première partie du Catalogue, pag. 450.