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ANTOINE.

de Josephe que Photius donne là l’extrait.

(B) Illustre par sa naissance. ] Son père, nommé Antipater, fut gouverneur d’Idumée, sous Alexandre Jannée, roi des Juifs. Eusèbe le nomme Hérode et le fait valet d’un temple, et si pauvre, qu’il ne lui fut pas possible de racheter son fils, qui était tombé entre les mains des voleurs : Τοῦτον δὲ Ἡρώδὸυ τινὸς Ἀσκαλωνίτου τῶν περὶ τὸν νεὼ τοῦ Ἀπόλλωνος ἱεροδούλων καλουμένων γεγονέναι [1]. Huic verò Herodem quemdam Ascalonitam unum ex numero servorum templi Apollinis quod Ascalone est patrem fuisse. Mais les savans ne doutent point qu’en cela Eusèbe, et Africain qu’il copie, n’aient suivi de mauvais mémoires, et qu’il ne faille ajouter plus de foi à Josephe, qui assure que le roi Alexandre et la reine son épouse donnèrent le gouvernement d’Idumée à Antipater, et que celui-ci gagna par la multitude de ses présens l’amitié des Arabes et celle des habitans de Gaza et d’Ascalon [2]. En un autre endroit. Josephe, parlant d’Antipater le fils, remarque qu’il était le principal d’Idumée, tant par l’antiquité de sa famille, que par ses richesses [3]. Hégésippe dit du même Antipater, qu’il était illustre par ses ancêtres dans sa patrie [4]. De tout temps, on a aimé à ravaler la naissance de ceux que la fortune fait monter au sommet des dignités [5]. Au reste, l’ambiguïté d’un passage de Josephe a fait que quelques-uns s’imaginent que l’aïeul d’Hérode ne s’appelait point Antipater, mais Antipas.

  1. Euseb., Hist. Eccl., lib. I, cap. VI. Vide ibi Valesium.
  2. Joseph., Antiquit., lib. XIV, cap. II.
  3. Idem, de Bell. Jud., lib. I, cap. V.
  4. Hegesipp., de Excid., lib. I, cap. XIV.
  5. Voyez la remarque (A) de l’article Touchet.

ANTOINE, famille romaine, en latin Antonia, qu’une vieille tradition faisait descendre d’Anton fils d’Hercule [a], a produit deux branches : une était patricienne, avec le surnom de Merenda ; l’autre plébéienne, sans presque point de surnom. On ne trouve pas que la branche patricienne ait duré long-temps, ni qu’elle ait produit d’autres personnes mentionnées dans l’histoire, que T. Antonius Merenda, et Q. Antonius Merenda. Le premier fut l’un des décemvirs abrogés à cause de la fierté tyrannique d’Appius Claudius, l’an 304 de Rome, et l’un de ceux qui s’exilèrent volontairement, et dont les biens furent confisqués, après le procès qui fut fait à App. Claudius, et à Sp. Oppius [b]. Le dernier fut tribun militaire, l’an 333 de Rome [c]. Mais la branche plébéienne a duré long-temps, et a fleuri avec un très-grand éclat (A) ; car outre qu’elle a pu se glorifier d’avoir possédé deux fois le généralat de la cavalerie, six fois le consulat, une fois la censure, trois fois l’honneur du triomphe [d], elle s’est vue, en la personne de Marc Antoine le triumvir, maîtresse de la moitié de l’empire. Nous allons faire des articles particuliers pour les principaux de cette ancienne maison (B).

  1. Plutarc., in Marc. Antonio, pag. 917.
  2. Livius, lib. III, pag. 88.
  3. Idem, lib. IV, pag. 128.
  4. Voyez Glandorpii Onomastic., p. 66.

(A) La branche plébéienne de cette famille Antonia a duré long-temps et a fleuri avec un très-grand éclat. ] Il faut bien se souvenir que Marc Antoine l’orateur, mort l’an 667, est le premier qui porta dans cette famille les honneurs du consulat et ceux du triomphe et de la censure.

(B) C’était une ancienne maison. ] Ceux qui ont le plus de lecture, le plus de recueils, le plus de matériaux destinés à un libraire, tombent quelquefois dans des oublis assez étranges. Le père Vavasseur en est un exemple,