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APONE.

fait d’employer les diables à lui faire un puits chez lui, et à boucher celui du voisin, ou, pour le moins, à le transporter dans sa maison, plutôt qu’à la rue [* 1].

  1. * Pour de plus grands détails sur Apone, Joly renvoie à la Vie de cet auteur, par Mazuchelli, imprimée dans le Raccolta d’opuscoli scientifici, tom, XXIII, pag. 1-54.

(A) Il étudia long-temps à Paris, et y fut promu docteur en philosophie et en médecine. ] Naudé observe cela dans une harangue où il relève le plus qu’il peut l’ancienne gloire de l’académie de Paris. Rapportons un peu au long ses paroles puisqu’elles nous apprendront en passant que Pierre d’Apone fit à Paris le grand ouvrage qui le fit nommer conciliateur : Prodeat tandem Petrus Aponensis ab insigni libro, quem dum vestras scholas frequentaret edidit, Conciliatoris nomen adoptus : certè latebat in Italiâ, nulli propè cognita, nullis aliis disciplinis, nullis artibus nedùm propriis exculta, nullâ deniquè vel linguarum cognitione, vel philosophiæ nitore decorata medicina : cùm ecce tutelaris illius genius, ex Aponensis Balnei pago, Italiam ab ignorantiæ barbarie, velut alter Camillus Romam à Gallorum obsidione liberaturus : diligenter inquirit, ubinàm gentium humaniores litteræ felicius excolerentur, philosophia subtiliùs traderetur, medicina puriùs et solidiùs edoceretur : cùmque rescivisset uni Lutetiæ hanc laudem deberi, in eam statìm involat, illius gremio totum se tradit, philosophiæ medicinæque mysteriis sedulò imcumbit, gradum, et lauream in utrâque consequitur, utramque posteà celeberrimè docet, et post diuturnam annorum moram divitiis vestris onustus, imò philosophus, medicus, astrologus, mathematicus suæ tempestatis præstantissimus in patriam suam revertitur, et primis omnium, Scardeoni viri gravissimi judicio, sinceram phiilosophiam, et medicinam illi restituit. Undè gratitudinis ergò compellandus venit, et à vobis meritâ gratiâ prosequendus Michaël Angelus Blondus medicus Romanus, quòd superiori seculo Aponensis vestri Conciliationes physiognomicas elegantioribus typis demandare volens, cùm vidisset eas à doctore vestro, Parisiis, et in facultate vestrâ fuisse elaboratas, has idcircò vestri collegii nomine et auspicio in lucem prodire voluerit, ut communis loci famæ beneficio frueretur [1].

(B) Il se faisait payer de grosses sommes pour la visite des malades. ] On ne marque point ce qu’il exigeait pour les visites qu’il faisait dans le lieu de sa résidence ; mais on assure qu’il n’allait point voir les malades hors de la ville, à moins qu’on ne lui donnât cent cinquante francs par jour [2]. On ajoute qu’étant mandé par le pape Honoré IV, il demanda quatre cents ducats par jour [3]. Voilà ce que porte l’abrégé de sa Vie, inséré dans la nouvelle édition de Van der Linden, de Scriptoribus medicis. Camérarius rapporte la même chose [4] ; mais sans nommer le pape qui recourut à ce médecin. Il n’en use pas de même à l’égard du lieu où Pierre d’Apone demeurait. Il dit que c’était Bologne. Il ne laisse pas de faire mention d’Honoré IV ; mais il prétend que le médecin qui exigea de ce pape un paiement si énorme n’était point Pierre d’Apone. Voici ses paroles, selon la version de Simon Goulart : Du temps de nos pères, un médecin de Florence, nommé Thadée, acquit une telle réputation, qu’allant en pratique hors la ville il gaignoit par chascun jour cinquante escus, et appellé du pape Honoré quatriesme, en eut cent par jour, tellement qu’à son retour de Rome il apporta dix mille escus [5]. S’il eût consulté la chronologie, il n’eût pas dit du temps de nos pères ; car ce pape fut élu l’an 1285, et mourut l’an 1287. Dom Lancelot de Pérouse, citant Ciaconius [6], dit que ce Thadée, Florentin, et professeur à Bologne, se fit promettre cent écus par jour, quand le pape Honoré IV le manda ; et il ajoute que ce voyage

  1. Gabriel Naudæus, de Antiquitate Scholæ Medicæ Parisiensis, pag. 44, et seq.
  2. Mercklinus, in Lindenio renovato, pag. 878.
  3. Idem, ibid.
  4. Camerarius, Meditations Historiq., tom. I, liv. I, chap. IV.
  5. Là même.
  6. In Vitâ Honorii IV.