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ARCHÉLAÜS.

ont porté ce nom-là [a], et qui sont Archélaüs le philosophe [b] ; Archélaüs l’auteur d’une description de tous les pays où Alexandre porta ses armes ; Archélaüs qui décrivit en vers les propriétés merveilleuses de certaines choses [c] ; et Archélaüs l’orateur, qui écrivit une rhétorique. M. Ménage ajoute à ces quatre-là, Archélaüs roi de Cappadoce ; Archélaüs roi de Sparte ; Archélaüs général de Mithridate ; Archélaüs le danseur ; Archélaüs le joueur d’instrumens ; et Archélaüs le comédien [d]. Il remarque que Lucien fait mention de celui-ci, au traité de Conscribendâ Historiâ ; qu’Athénée, dans son Ier. livre, a parlé de celui qui jouait des instrumens [e] ; et que Clément d’Alexandrie, au VIIe. livre des Stromates, parle du danseur (A). Il a oublié Archélaüs l’astrologue [f], et plusieurs autres Archélaüs, dont je parlerai dans les articles suivans.

  1. Diog. Laërtius, lib. II, num. 17, in Archelao.
  2. C’est celui qui est le sujet de l’article suivant.
  3. Voyez la remarque (C) de l’article suivant.
  4. Menag. in Diog. Laërt., lib. II. num. 17.
  5. Voyez la remarque (H) de l’article Abdère.
  6. Cic. de Div., lib. II, cap. XLII. Quelques manuscrits portent Anchialus.

(A) M. Ménage remarque.... qu’Athénée.... a parlé de l’Archélaüs qui jouait des instrumens, et que Clément d’Alexandrie.... parle du danseur. ] M. Ménage entendait les règles de la bonne et docte manière de citer ; mais il ne les observe pas ici. Il eût mieux fait de citer le premier livre d’Athénée, à l’égard d’Archélaüs le danseur, que de citer le VIIe. livre des Stromates de Clément d’Alexandrie ; car, outre que le droit d’aînesse n’appartient pas à celui-ci, nous trouvons dans Athénée quelques particularités, et nous n’en trouvons aucune dans les Stromates. Athénée rapporte que le roi Antiochus n’avait point de favori pour lequel il eût plus d’estime que pour le danseur Archélaüs [1]. Cet auteur avait remarqué, dans la même page, que les habitans de Milet dédièrent une statue d’airain à Archélaüs le Violon. Qu’il me soit permis de traduire ainsi l’Ἀρχελάου τοῦ κιθαριςοῦ, Archelai citharistæ.

  1. Athen., lib. I, cap. XVI, pag. 19, C.

ARCHÉLAÜS, philosophe grec, disciple d’Anaxagoras, était d’Athènes, selon quelques-uns, ou de Milet, selon quelques autres [a]. Ce qu’il y a de bien sûr, est qu’il enseigna dans Athènes. On dit même qu’il fut le premier qui y transporta la philosophie (A). Il fit peu de changemens à la doctrine d’Anaxagoras [b] : il admit, aussi-bien que lui, les parties similaires, pour le principe matériel de toutes choses, et l’entendement divin, pour la cause de l’arrangement des corps ; et il enseigna comme lui que les animaux, sans en excepter les hommes, furent produits d’une matière terrestre, chaude et humide (B). Il s’attacha principalement à la physique, comme ses prédécesseurs, mais il se mêla de la morale un peu plus qu’ils n’avaient fait. Il n’y fut guère orthodoxe, puisqu’il soutint que les lois humaines étaient la source du bien moral et du mal moral : c’est-à-dire qu’il n’admettait pas le droit naturel, mais seulement le droit positif ; et par conséquent, qu’il croyait que toutes sortes d’actions sont indifférentes

  1. Diogen. Laërtius, lib. II, num. 16.
  2. Voyez la remarque (C).