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ARNAULD.

anobli en décembre 1577, en qualité d’auditeur des comptes. Il était fils d’Henri Arnauld, bailli du lieu d’Hermant en Auvergne, et de N. Colonges. Il avait épousé Anne Forget, fille de Jean Forget sieur de Bidoigne procureur du roi en Auvergne, et de Jeanne Godinet, et il mourut à l’âge de cent et un an, environ l’an 1591. Voyez les Mémoires de Sully, tom. IV, folio 71. » Mais, d’autre côté, lisez aussi la suite du Ménagiana, à la page 305 de l’édition de Hollande.

ARNAULD (Antoine [a]), avocat au parlement de Paris, fils d’un autre Antoine dont j’ai parlé dans l’article précédent, s’acquit par son éloquence une merveilleuse réputation. Henri IV, voulant mener le duc de Savoie au parlement, fit choisir [* 1] un jour qu’Arnauld devait plaider une belle cause [b]. Il donna à cet habile homme un brevet de conseiller d’état [* 2]. La reine Marie de Médicis le fit son avocat général, et voulut le faire secrétaire d’état ; mais il refusa cette charge, et dit à la reine, qu’il servirait mieux Sa Majesté étant avocat, que s’il était secrétaire d’état. On a insinué ce fait dans son épitaphe (A). M. l’avocat général Marion [c] fut un jour si satisfait de l’avoir entendu plaider, qu’il le prit dans son carrosse [* 3], l’amena dîner, et fit mettre sa fille aînée Catherine Marion auprès de lui. Après le dîner, il le tira à l’écart, et lui demanda ce qu’il pensait de sa fille ; et ayant su qu’elle lui semblait d’un grand mérite, il la lui donna en mariage [d]. Une des plus fameuses causes qu’Antoine Arnauld ait plaidées, est celle de l’université contre les jésuites, l’an 1594. Nous verrons ci-dessous quelle en fut la récompense (B). Quelques-uns disent qu’il publia un livre, l’an 1602, pour empêcher leur rappel (C) ; mais qu’ayant bien prévu qu’ils reviendraient, et qu’ils seraient redoutables, il tâcha de le supprimer. Il avait été conseiller et procureur général de la reine Catherine de Médicis. Ceux qui ont débité qu’il était de la religion, ont débité un très-grand mensonge (D). Il eut de son mariage avec Catherine Marion vingt-deux [* 4] enfans [e] (E). Il mourut environ l’an 1618 [* 5]. Notez que l’une de ses filles réforma l’abbaye de Port-Royal (F).

Il s’acquitta de la profession du barreau, avec tant d’honneur, et d’une manière si élevée, que « depuis lui il ne s’est trouvé personne, à la réserve de

  1. * Matthieu, suivant la remarque de Leclerc, dit au contraire que le président de Harlay, ayant su que le roi les voulait venir voir, avait fait choisir une cause pour y être plaidée. Leclerc ajoute que cela arriva en 1600. Le roi assista incognito à l’audience.
  2. * Il n’eut jamais de brevet, dit Leclerc.
  3. * Leclerc prétend qu’en 1587, époque de ce mariage, Marion n’avait certainement pas de carrosse puisqu’il n’était alors que simple avocat. Ce ne fut qu’en 1596 qu’il devint conseiller au parlement, puis président en la seconde chambre des enquêtes, et en 1597 avocat général.
  4. * Leclerc, d’après Quesnel, dit qu’Antoine Arnauld n’eut que vingt enfans.
  5. * Ce fut, dit Leclerc, le 29 décembre 1619, dans sa soixantième année.
  1. Konig le nomme Marc-Antoine. La lettre M, que lui ou d’autres ont vue au-devant d’Antoine, dans quelques livres français, où elle signifiait maître ou monsieur, a été apparemment la cause de cette méprise.
  2. Il s’agissait de la peine des calomniateurs. Voyez dans Matthieu, à l’Histoire de Henri IV, tome I, pag. 455 et suiv., les Plaidoyers sur cela.
  3. MM. Marion, comtes de Druys, descendent de lui.
  4. Tiré du Mémoire inséré dans le Mercure Galant au mois de décembre 1693.
  5. Tiré du Mémoire inséré au Mercure-Galant de décembre 1693.