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ARNOBE.

re... [1]. Horribilis profectò est oratio Cecilii illius leguleii romani, qui apud Arnobium libro octavo hæc adhuc christianis objicit [2]. Louis Carrion a donné à Junius la gloire d’être le premier qui eût rendu l’Octavius à son légitime maître. Illi (Minutio) octavum adversùs gentes librum Junius noster in Animadversis suis princeps jam olim vindicavit [3]. Carrion parla ainsi dans un ouvrage qu’il publia à Paris, l’an 1583. Citons ces paroles de M. Joly. Minutii Felicis vetustissimi scriptoris christiani Dialogus elegantissimus contrà idolorum vanitatem tam diù pro octavo Arnobii adversùs gentes libro habitus est, quia Minutius eum sub nomine Octavii protulerat, donec à Francisco Balduino jurisconsulto anno 1560, Arnobio abductus, et genuino autori reddituo est, veluti Nicolaus Rigaltius in Præfatione ad eumdem Minutium observavit [4]. Voilà deux savans hommes [5], qui ignorent que Junius précéda Baudouin dans la découverte du vrai auteur de l’Octavius. Au reste, je ne crois point que M. Joly ait raison de mettre ce livre dans la classe des pseudonymes. Il prétend que l’auteur, en le publiant, se déguisa sous le nom d’Octavius ; il vaudrait mieux dire, ce me semble, qu’Octavius est le titre de l’ouvrage, et non pas un nom supposé de celui qui l’écrivit. On ne parlerait pas exactement, si l’on disait que les Dialogues de Platon furent publiés sous les faux noms des personnages qui leur servent de tres. Minucius Félix imita Platon : il voulut que son dialogue portât pour titre le nom du principal interlocuteur.

(E) Son ouvrage a été imprimé plusieurs fois. ] Si j’avais les livres nécessaires, j’entreprendrais de donner ici l’histoire exacte des éditions d’Arnobe ; mais il faut que j’abandonne ce dessein, et que je me borne à quelques notes critiques contre ceux qui nous ont donné la liste de ces éditions. Celui qui a fait la préface de l’Arnobe imprimé à Leyde l’an 1651, raconte, 1°. que la première édition de ce père est celle que Francois Priscianensis, Florentin, publia à Rome. Il ne dit point en quelle année ; c’est un péché d’omission qu’on ne saurait pardonner ; 2°. que Sigismond Gelenius changea plusieurs choses dans cette édition, non pas avec l’aide des manuscrits, mais en s’appuyant sur les conjectures de son génie ; 3°. que Théodore Canterus, publiant Arnobe avec des notes, se plaignit de la hardiesse de Gelenius ; 4°. que Godescale Stewechius travailla bien sur ce père : 5°. qu’Elmenhorst joignit à son commentaire la diversité des leçons recueillies, tant des manuscrits et de l’édition faite à Rome l’an 1542 sur un ancien manuscrit de Francois Sabæus [6], que de l’édition de Fulvius Ursinus ; 5°. qu’enfin Desiderius Heraldus publia de belles notes sur les sept livres d’Arnobe. J’ai trois choses à remarquer contre cela. Premièrement, la liste des éditions est très-incomplète ; en second lieu, l’édition de Rome, en 1542, n’est point différente de la première, et cependant on la donne ici comme différente ; en troisième lieu, il n’est pas vrai que les remarques de Didier Hérault soient venues après l’édition d’Elmenhorst. Celle-ci est de l’année 1610, et l’ouvrage d’Hérault avait paru à Genève, l’an 1597, et à Paris l’an 1605 [* 1],

Examinons la liste de M. du Pin [7]. 1°. Je remarque en premier lieu, que les noms propres y sont fort défigurés [8]. On y voit Canrerus, au lieu de Canterus ; Hermenhorstius, au lieu d’Helmenhorstius ; Stevuchius, au lieu

  1. * L’auteur des Remarques insérées dans le tome XXIX de la Bibliothéque française possédait un exemplaire de l’édition d’Elmenhorst imprimée à Hanau typis Wechelianis, 1603, dédiée à Joseph Scaliger, mais le privilége de l’empereur pour l’impression est du 25 mai 1582. Il n’est pas naturel, ajoute-t-il, que les héritiers d’André Wechel, après avoir obtenu ce privilége, aient laissé dormir l’ouvrage pendant 21 ans sans en faire usage. Cependant la Bibliothéque du Roi ne possède pas d’édition de l’Arnobe d’Elmenhorst antérieure à 1603, et c’est aussi la première de cet éditeur que mentionne C. T. G. Schoenemann dans sa Bibliotheca historico-litteraria patrum latinorum, ouvrage dont il n’a paru que deux volumes, 1792-1794, in-8o.
  1. Franciscus Balduinus ad edicta veterum principum roman. de Christianis, pag. 47, edit. Basil. apud Oporinum, an. 1557.
  2. Idem, ibid., pag. 50.
  3. Ludov. Carrio, Emendat., lib. II, cap. XVIII, folio 52.
  4. Claudius Joly, Dissertat. de verbis Usuardi, pag. 114. Ce livre fut imprimé l’an 1669.
  5. Rigaut et Joly.
  6. Il s’appelait Fauste, et non pas François.
  7. Elle est à la page 205, col. 1 du Ier. tom. de sa Biblioth., édit. de Hollande.
  8. Je ne me sers que de l’édition de Hollande.