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ARNOLDUS.

Il fut créé acolythe [a] au synode d’Ostrorog, à l’âge de quinze ans : et en cette qualité, il accompagna Orminius [b] pendant deux années dans la visite des églises de Pologne ; après quoi, il fut envoyé à Dantzick, l’an 1635, et s’y appliqua à l’étude de l’éloquence et de la philosophie. Il éprouva quelquefois la mauvaise humeur de Jean Botsac, qui était fâché qu’un jeune homme de tant d’espérance fût calviniste. Il retourna en Pologne, l’an 1638, et cultiva la théologie sermonaire sous la direction d’Orminius ; et un an après, il fut envoyé en Podolie, pour y être recteur de l’école de Jablonow. Ayant exercé cette charge pendant trois mois, il fit les fonctions de ministre deux ans de suite chez un grand seigneur [c]. Comme on remarqua que ses talens pourraient être d’une grande utilité à l’Église, on jugea qu’il fallait lui donner les occasions de les cultiver dans les académies les plus fameuses. Il commença ses voyages l’an 1641. Il vint d’abord à Franeker, et y fit de grands progrès sous Maccovius son compatriote, et sous Cocceius. Il fut aux académies de Groningue, de Leyde et d’Utrecht, l’an 1643, et retourna bientôt à Franeker, et s’appliqua à l’étude du français et de l’anglais. Il fit un voyage en Angleterre l’année suivante ; et ne pouvant aller à Oxford à cause que tous les chemins étaient occupés par les troupes du roi, ou par celles du parlement, il fut à pied à Cambridge ; mais il ne put y entendre aucune leçon de théologie : tous les professeurs étaient sous la détention, dans le collége de la Trinité. Étant de retour à Franeker, il s’attacha à prêcher, même en flamand, et fit tellement goûter ses sermons, qu’afin de le retenir en Frise, on lui dissuada d’aller revoir la Pologne. Il fut jugé très-capable du ministère par la classe de Franeker, qui l’examina, et les louanges qui lui furent données déterminèrent aisément une demoiselle du pays à l’épouser (A). Il se maria avec elle l’an 1645, et peu après il fut appelé par l’église de Beetgum. Il la servit fidèlement et constamment jusqu’en l’année 1651, sans prêter l’oreille aux vocations qui lui furent adressées par d’autres églises ; mais cette année-là, il se rendit aux instances des États de Frise, qui le choisirent pour succéder à Cocceius dans la charge de professeur en théologie à Franeker [d]. Il s’acquitta de cette charge avec beaucoup de capacité jusqu’à sa mort, qui arriva le 15 d’octobre 1680, après une longue maladie, où il donna beaucoup de marques de sa piété et de sa résignation aux ordres d’en haut [e]. Je parlerai de quelques voyages qu’il fit depuis sa promotion au professorat en

  1. Les églises réformées de Bohême avaient retenu cette partie de l’ancienne discipline.
  2. Surintendant des églises de la Grande Pologne.
  3. Johannes de Potok-Potocki, succamerarius terræ Haliciensis.
  4. Cocceius avait été appelé par l’académie de Leyde.
  5. Tiré de son Oraison funèbre, prononcée le 22 d’octobre 1680, par M. Marck, professeur alors en théologie à Franeker, et depuis à Groningue et à Leyde.