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BAUDOUIN.

orientali [* 1] dixerim, quod multis perobscurum, nec immeritò, videbatur[1].

  1. (*) Pag. 124.
  1. Colomesii Opuscula, pag. 42.

BAUDOUIN [a] (François), en latin Balduinus, célèbre jurisconsulte, naquit à Arras le premier de janvier 1520. Il étudia pendant six années dans l’académie de Louvain ; après quoi, il fut quelque temps à la cour de Charles-Quint, chez un grand seigneur[b], et puis il alla en France, où il acquit l’amitié des plus savans[* 1][c], et entre autres celle de Charles Du Moulin, chez qui il logea[d]. La curiosité de connaître les plus célèbres ministres le fit voyager en Allemagne (A) : il vit Calvin à Genève, Bucer à Strasbourg, et d’autres en d’autres lieux. Étant retourné à Paris, il fut appelé à Bourges, pour la profession en jurisprudence (B) : et il l’exerça avec tant de gloire, qu’il donna de la jalousie à son collègue Duaren[e]. Il quitta cette charge au bout de sept ans, pour aller enseigner le droit à Tubinge[f], où on l’appelait ; mais ayant appris pendant son voyage, que Du Moulin avait dessein de retourner à cette université, il s’arrêta à Strasbourg, et y fit des leçons de jurisprudence un an durant. Ensuite il alla à Heidelberg, et y fut professeur en droit et en histoire, près de cinq ans, jusqu’à ce qu’il fut attiré par Antoine de Bourbon, roi de Navarre (C), qui le fit précepteur de son bâtard. Il mena son disciple à Trente ; et ayant appris qu’Antoine était mort d’une blessure reçue au siége de Rouen, il revint en France avec son élève, et trouva ses biens et ses livres dissipés[g]. Il retourna en son pays où il était attiré pour enseigner la jurisprudence dans l’académie de Douai (D). On lui promettait de grands avantages ; et il fut reçu très-civilement par le duc d’Albe, la veille du jour qu’on emprisonna le comte d’Egmont : mais comme il craignit d’être choisi l’un des juges des personnes qu’on voulait faire mourir, il demanda un congé de quelques jours, sous prétexte d’aller chercher son épouse, et faire transporter sa bibliothéque ; et, quand il l’eut obtenu, il s’en retourna à Paris et s’y arrêta. Il y fit des leçons publiques sur quelques endroits des Pandectes avec l’applaudissement d’une foule d’auditeurs[h]. Il accepta la chaire de jurisprudence, qui lui fut offerte par l’académie de Besançon ; mais ayant appris, à son arrivée, que l’empereur Maximilien avait défendu à cette académie l’érection de cette chaire, il ne voulut point faire

  1. * Bayle, dans sa note (c), nommant Budé, Leclerc remarque que Budé était mort en 1540, époque à laquelle Baudouin étudiait encore à Louvain.
  1. On le nomme aussi Bauduin, Balduin, Baudoin. Voyez la Cabale chimériq., pag. 250 de la 2e. édition. Il signale en français Balduin.
  2. Le marquis de Bergue.
  3. De Budé, de Baïf, etc.
  4. Ex Valer. Andreâ, Bibl. belg., pag. 221 : cela se trouve aussi dans la IIIe. Rep. de Baud. e Calvin, folio B 5.
  5. Ex Papyr. Massone, Elog., parte II, pag. 256, 257.
  6. C’est ainsi qu’il faut dire, et non pas Turingiam, comme a fait Valère André.
  7. Ex Valerio Andreâ, Bibliot. belg, pag. 231, 222.
  8. Voyez la remarque (K).