Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T04.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
245
BUNEL.

parlent de lui [a]. Sainte-Marthe, qui observe que le père de Pierre Bunel était Normand [b], eût-il oublié un caractère aussi honorable que l’est celui de docteur régent dans une fameuse université ? Les capitouls de Toulouse ont fait faire une statue de marbre en l’honneur de Pierre Bunel, et l’ont placée dans la maison de ville (F) [* 1].

  1. * Joly termine ses remarques par l’indication de quelques auteurs qui ont parlé de Bunel, et par un distique de J. Voulté, adressé à P. Bunel, et que Joly déclare ne pas entendre ; voici ce distique :

    Non satis et nimium est semel aspexisse Tholosam :
    Hoc tu si possis solvere, doctus eris.

    Ce que Voulté reconnaît lui-même être inintelligible, puisqu’il dit, ce me semble : ce n’est pas assez, et c’est trop d’avoir vu Toudouse une fois. Si tu peux expliquer cela tu seras bien savant.

  1. Catel, Sainte-Marthe, Henri Étienve, etc.
  2. Tholosæ Normano patre natum Sammarthanus, Elog., lib. V, pag. 41.

(A) Il était l’un des plus polis écrivains en langue latine du XVIe. siècle. ] Il servit de modèle à Paul Manuce : c’est un grand éloge, Catel n’avait garde d’oublier cela. Étienne [1] Bunel, dit-il [2], qui a institué ledit sieur de Pybrac és bonnes lettres, et duquel nous restent encore des épîtres latines que l’on a fait imprimer, tant en Italie qu’ailleurs, a été le premier qui de son temps a appris aux Romains et Italiens, de parler purement latin, et au style de Cicéron, lesquels auparavant erraient grandement en leur langue, suivant la façon de parler de Politian, Hermolaüs Barbarus, et autres, ainsi que témoigne de soi-même Paul Manuce, très-élégant Romain, et juge bien compétent, en ses épîtres. Henri Étienne s’était déjà prévalu de cette reconnaissance de Paul Manuce. Donnons un petit détail de ce qu’il fit. Il conta un jour au roi Henri III, que dans un ouvrage public, un Italien avait osé dire, que l’Italie avait produit plusieurs Cicéroniens, et que la France n’en avait produit aucun. Le roi en fut fort surpris, et voulut savoir si la chose était véritable : on lui répondit qu’elle était fausse : là-dessus, il souhaita que l’on fît des parallèles entre les Cicéroniens d’Italie, et les Cicéroniens de France [3]. Pour lui obéir, Henri Étienne publia les Lettres de notre Bunel, et l’élite de celles de Longolius, et joignit au même volume l’élite de celles de Paul Maunuce, et de celles de Sadolet, avec quelques-unes de Pierre Bembus. Il s’était bien souvenu de nommer Pierre Bunel à Henri III, mais il avait oublié de dire que cet homme seul en valait plusieurs : Mihi cùm alios tum Petrum Bunellum suggessit quidemmemoria : sed, vel unum hunc esse instar multorum posse, id verò addere, in mentem non venit [4]. Il s’assure que ceux qui ne portent point d’envie à la gloire de la France jugeront de Pierre Bunel comme il en juge : Quod apud le tacui de Bunello, publicè ita dico, ut mihi, quicunque Gallicæ laudi non invidebunt, assensuros, persuasum propemodùm habeam [5]. Il ne se contente pas de le proposer comme un Cicéronien, il le propose même comme le maître des Cicéroniens d’Italie [6], et il allégue là-dessus la confession de Manuce. Is enim, quùm summum Ciceronianitatis attigisse gradum existimetur, ad eam tamen se nonnisi ductu et auspiciis hominis Galli pervenisse fatetur. Ita enim hic in quâdam ad Vidum Fabrum epistolâ (quæ est libro ejus epistolarum primo) de nostro Petro Bunello, Ego ab illo maximum habebam beneficium, quòd me cum Politianis et Erasmis nescio quibus miseré errantem, in hanc rectè scribendi viam primus induxerat. Sed in posterioribus editionibus cum Philelphis et Campanis pro illis cum Politianis et Erasmis, scriptum est. Utrocunque tamen scribatur modo, primùm Ciceronianè

  1. Il fallait dire Pierre.
  2. Catel, Mémoires de l’Histoire du Languedoc, pag. 122.
  3. Tiré de l’Épitre dédicatoire de Henri Étienne à Henri III, au-devant de l’édition des Lettres de Pierre Bunellus, etc. 1551.
  4. Henr. Stephan., in Epist dedic. Epist. Bunelli.
  5. Idem, ibid.
  6. Idem, in Præfat.