tertiâ parte tractatus sui de monarchiâ conatus est deprimere auctoritatem romani pontificis supra imperatores, seu reges Romanorum in temporalibus, quem idem Antoninus pluribus confutat[1]. Un véritable disciple de la Sorbonne, et un vrai enfant de l’église gallicane, n’auraient point parlé de la sorte. Notez que cet annaliste n’ose point spécifier les autres erreurs que saint Antonin a observées dans notre poëte. Le Poccianti n’a pas été si discret : car il nous apprend que saint Antonin a censuré Dante d’avoir publié le limbe des petits enfans, et d’avoir considéré comme une bassesse d’âme l’abdication volontaire du pape Célestin [2]. Il ajoute qu’en cela, et dans le dogme de l’indépendance des empereurs, ce grand poëte mérite d’être blâmé. In his culpandus venit vates iste pergloriosissimus[3]. Il est assez simple pour assurer que les saintes lettres, et que les lettres humaines expliquent partout combien l’opinion de l’indépendance est erronée ; car, dit-il, comme la lune est illuminée par le soleil, ainsi la puissance temporelle est illuminée par la puissance spirituelle. Voici ses paroles ; il est bon de les rapporter, afin qu’aucun lecteur ne me soupçonne de supercherie. Cæterùm in tertiâ parte Monarchiæ affirmat romanos imperatores nullam dependentiam habere à papâ, sed à solo Deo, nisi in spectantibus ad forum animarum, non autem in rebus temporalibus : quod quam erroneum si, ubique locorum in humanis et divinis literis explicatur ; sicut namque luna illuminatur à sole, ita potestas temporalis à spirituali[4].
M. du Plessis Mornai rapporte plusieurs opinions de Dante, qui ne sont guère conformes au papisme[5] : « Il fit un traité intitulé Monarchie, où il prouve que le pape n’est point au-dessus de l’empereur, et n’a aucun droit sur l’empire ; directement contre la Clémentine pastoralis, qui prétend l’un et l’autre, en vient mesmes jusques à dire en son Purgatoire :
Di hoggi mai che la Chiesa di Roma
Per confonder in se due reggimenti
Cade nel fango et se bruta et la soma.
Di maintenant que l’église de Rome,
Qui fond en un les deux gouvernemens,
Tombe en la fange, et se gaste, et la somme.
Se perd-elle mesme et la charge
qui lui est commise. Réfute aussi la
donation de Constantin, qu’il maintient
n’estre de fait, et n’avoir peu
de droict ; et pour ce fut par aucuns
condamné d’hérésie. Que les decretistes,
gens ignorans de toute bonne
theologie et philosophie, afferment,
que les traditions de l’église sont le
fondement de la foy ; chose execrable,
veu qu’on ne peut douter que
ceux qui devant les traditions de
l’eglise ont creu au Christ fils de
Dieu, soit à venir, soit venu souffrir
pour nous, et esperans, ont esté
fervens en charité, ne soient ses
coheritiers en la vie éternelle. En
son poëme du Paradis en italien,
se plaint, que le pape de pasteur
est devenu loup et a fait desvoier
les brebis ; que pour ce l’Évangile
et les docteurs sont délaissés et ne
s’estudient qu’aux decretales ; qu’à
cela sont attentifs le pape et les
cardinaux ; ne vont point leurs pensées
à Nazareth, où l’ange Gabriel
ouvrit ses aisles, mais au Vatican
et autres lieux choisis de Rome,
qui ont esté le cemetiere à la milice
qui suivit sainct Pierre, et en ont
proprement à Rome enseveli la doctrine ;
que jadis on faisoit la guerre
à l’église par glaives, mais que
maintenant on la fait en lui ostant
le pain, que Dieu lui donne, et
qu’il ne desnie à personne, sçavoir
la prédication de sa parole. Mais
toi, dit-il, adressant sa parole au
pape, qui n’escris que pour effacer,
ou par un chancelier, pense que
Pierre et Paul, qui moururent
pour la vigne du Seigneur que tu
gastes, vivent encor ; mais tu ne
connois ni l’un ni l’autre. En un
autre lieu, que c’est chose indigne,
que l’escriture divine soit du tout
mise en arriere, ou violentée ou
torse ; qu’on ne considere point
combien de sang elle a cousté à
semer au monde ; combien elle est
agreable à qui s’en accoste avec hu-