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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/515

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DICÉARQUE.

mission de quelques princes, pour prendre la hauteur des montagnes (F). La géographie était l’une de ses principales études [a], et nous avons encore un traité qu’il fit là-dessus [b]. L’ouvrage qu’il fit de la république de Lacédémone fut extrêmement honoré [c]. Il tenait pour maxime qu’on doit faire en sorte d’être aimé de tout le monde, mais qu’il ne faut lier une amitié très-étroite qu’avec les honnêtes gens [d]. Ce qu’il censure dans Platon mérite d’être censuré (G). Vossius n’a point dû lui attribuer un traité des songes (H). Lactance n’a pas su lui donner le rang qui lui convenait (I). Jamais je n’ai été plus surpris qu’en voyant la stérilité du jésuite Jérôme Ragusa (K), sur un sujet aussi illustre que Dicéarque et qui fait autant d’honneur à la Sicile sa patrie [e].

Une personne, qui n’a point voulu se faire connaître, m’a fait tenir quelques objections que je m’en vais examiner. Elles concernent l’argument que j’ai proposé [f] contre Dicéarque, au sujet de son opinion sur la nature de l’âme (L). Ce me sera une occasion de dire un mot sur une dispute qui a fait beaucoup de bruit en Angleterre (M).

  1. Voyez Strabon, liv. II, pag. 71, qui remarque que Polybe censurait souvent Dicéarqne.
  2. Il fut imprimé à Ausbourg, par les soins d’Hoeschélius, l’an 1600.
  3. Voyez la remarque (E).
  4. Plut., Sympos., lib. 4. init. pag. 659.
  5. Il était de la ville qu’on nomme aujourd’hui Messine, autrefois Messana. Suidas.
  6. Dans la remarque (C).

(A) Il composa un grand nombre de livres qui furent fort estimés. ] On croit que son ouvrage sur la musique contenait non-seulement la description des coutumes et des manières qui concernaient l’exercice de cet art, mais aussi l’histoire des pièces de théâtre qui avaient disputé le prix. C’est pourquoi l’on juge que son traité περὶ Μουσικῶν ἀγώνων, de Certaminibus Musicis [1], n’était qu’une partie du traité περὶ Μουσικῆς, de Musicâ [2]. On veut aussi que le traité περὶ Διονυσιακῶν ἀγώνων, de Certaminibus Dionysiacis [3], et même un autre traité qui avait pour titre Παναθηνϊκόν [4], fussent des parties du traité περὶ Μουσικῶν ἀγώνων, de Certaminibus Musicis. Voici comme parle Jonsius : Liber hic Dicæarchi περὶ Μουσικῶν ἀγώνων, de quo diximus, omninò pars fuit ejusdem operis περὶ Μουσικῆς, de Musicâ, quo et de ipsis antiquis Musicis atque poëtis eorumque fabulis, de saltationibus et de certaminibus musicis eum egisse verisimile est [5]. Un pareil ouvrage serait un merveilleux répertoire pour l’auteur d’un dictionnaire historique. Le livre de Dicéarque περὶ Βίων, de Vitis, cité par Diogène Laërce [6], ne serait pas un répertoire moins favorable. Je fais le même jugement de l’ouvrage qu’il intitula περὶ τοῦ τῆς Ἑλλάδος βίου, de Vitâ Græciæ [7], où il donnait la description de la Grèce, et celle des lois et des coutumes des Grecs. Saint Jérôme [8] a cité ce livre. Je ne doute point que Porphyre n’ait eu égard à ce même ouvrage, lorsqu’il a mis Dicéarque au nombre de ceux qui ont recueilli brièvement et exactement ce qui concerne les Grecs [9]. Voyez dans Vossius [10] le

  1. Il est cité par le scoliaste d’Aristophane ad Vespas, fol. 519, apud Jonsium de Scriptor. Hist. philos., pag. 86.
  2. Il est cité par le même scoliaste ad Nub., folio 99, apud Jonsium, pag. 89.
  3. Il est cité par ce scoliaste ad Aves, folio 606, apud Jonsium, pag. 88.
  4. Il est cité par ce scoliaste ad Vespas, folio 467, apud Jonsium, ibid.
  5. Jonsius, ibid., pag. 89.
  6. Lib. 3, in Platone.
  7. Athenæus, lib. XIII, pag. 595 et lib. XIV, pag. 636.
  8. Adversus Jovinianum, lib. II, et non pas comme dans Moréri, lib. XI.
  9. Τῶν συντόμως τε καὶ ἀκριϐῶς τὰ Ἑλληνιὰ συναγαγόντων. Unus eorum qui res græcanicas breviter et accuratè collegerunt. Porphyr., lib. IV de Abstiment., apud Vossium, de Hist. græc., pag. 47.
  10. De Hist. græc., pag. 46, 47.