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GOLDAST.

montrent assez qu’il ne faisait que les réduire en un corps, ou que les tirer des bibliothéques où elles n’étaient qu’en manuscrit. Il s’est montré en cela l’un des plus infatigables hommes du monde. Conringius lui donne de grands éloges. Vir, dit-il [1], editis antiquis Germaniæ monumentis tam benè de patriâ meritus, ut absque dubio Athenienses illum in Prytanæo aluissent, si quidem illud in ævum incidisset. Cum [2] primis in Germaniâ certius meliusque hoc studiorum genus (de Jure publico Imp. Germ. agit) incensum fuit initio hujus sæculi auctore Melchiore Goldasto cui nemo Germaniæ rebus illustrandis par fuit, nec fortè erit quispiam, et verò illius ductu paulatim cœpit apud nos solito exquisitior Reip. cognitio. Il ne laisse pas de le traiter d’homme de mauvaise foi en certaines choses [3] : Sunt hæc omnia (examinat nonnulla ex libro III Constitutionum Imperialium) illaudabili facinore perquam tamen Goldasto familiari efficta, quo nomine eum ex merito acerrimè increpavit Wendelinus c. 2 de l. Salicâ. Il n’est pas le seul qui se plaigne de Goldast sur ce chapitre. Qui noverit quàm multas suspectæ fidei merces pro veris erudito orbi obtruserit Goldastus, cui cæteroquin diligentiæ laudem non negamus, in re cui aliundè fides fieri non potest, vix ejus solius auctoritate sibi aliquid planè persuaderi patietur [4].

(H) Nous verrons....... comment Scioppius se tire d’affaire. ] Deux gentilshommes de Franconie, qui avaient, logé avec lui à Altorf, chez Conrad Rittershusius, lui rendirent une visite pendant leur séjour à Rome. Il leur demanda des nouvelles de leurs communs amis, et entre autres de Goldast qui avait été en pension avec eux à Altorf : ils lui contèrent que ce misérable avait été rompu sur la roue, et puis brûlé pour avoir commis un meurtre horrible. Eum videlicet superiori anno cum Bullionio duce, cui interpretis operum dederit, Genevâ in Germaniam profectum, cùm Argentinæ in familiaritatem Centurionis cujusdam pervenisset, qui in contubernio suo puellam nobilem, domo paternâ abductam, pro secutuleiâ muliere et concubinâ circumducebat, audito eum jam satietate illius captum mille aureos ei, qui ab illâ se liberaret, polliceri, avidè conditionem quod pretio inhiaret, arripuisse, et ita digresso Centurione non procul ab urbe in ipsâ viâ regiâ........ misellam obtruncâsse [5]. Il avait lié amitié, disaient-ils, avec un certain capitaine, qui commençait d’être las d’une demoiselle qu’il avait enlevée, et qui promettait mille écus à quiconque l’en délivrerait. Goldast accepta le parti ; mais peu après il massacra cette femme au milieu du grand chemin, proche de Strasbourg, et la dépouilla, et s’en revint à la ville. On le saisit dans son cabaret, comme il décousait les habits de cette femme, et on le mit en prison, et dans sept jours il fut condamné à être roué et brûlé. Septimo tandem post die capitis condemnatum et summo supplicio tanquam parricidam affectum, hoc est membratim penè rotâ contusum et comminutum, et indè lignis infelicibus ustulatum conflagrâsse [6]. Scioppius écrivit tout aussitôt cette histoire, afin qu’elle fût insérée dans l’ouvrage qu’il faisait imprimer en Allemagne, contre Scaliger : il ne crut point avoir besoin d’autre apologie, ni d’autre vengeance contre Goldast [7] par rapport au mauvais office qu’il croyait en avoir reçu. Il prétendait que Goldast avait publié, sous le nom de Scioppius, un Commentaire sur les Priapées, dont lui Scioppius n’était point l’auteur. La lettre qu’il écrivit touchant cette prétendue fin tragique de Goldast, fut suivie d’une autre cinq mois après [8], où il fit savoir à son ami, que l’histoire que les deux gentilshommes allemands lui avaient contée,

  1. In præfat. ad Tacitum de Moribus Germanorum, apud Magirum Eponymolog., pag. 393.
  2. Id., in dedicat. Exercitationibus de Rep. Imp. Germ. præmiss. apud eumdem Magirum, ibidem.
  3. Idem, cap. VII de O. J. G. apud eumdem, ibidem, pag. 394.
  4. Er. Maurit. de matriculâ Imperii, num. 12, apud eumdem Magirum, ibid.
  5. Oporinus Grubinius, in Amphotidibus Scioppian., pag. 104.
  6. Idem, ibid.
  7. Ibidem, pag. 106.
  8. Ibidem.