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GARONNE.

après la mort de celui qui en était la cause. Le roi fut ravi de n’avoir plus occasion d’aliéner son domaine, et de créer un nouveau duché et pairie pour un sujet qui en était si peu digne... Et comme ce n’avait été que par nécessité, et par complaisance pour la reine-mère, qu’il avait consenti à l’aliénation de Loudun, il se réjouit d’être dispensé d’accomplir sa promesse par la mort du duc de Nemours.

1°. Je remarque que la demoiselle dont il s’agit est nommée par Brantôme mademoiselle de Rohan[1], et non pas mademoiselle de Léon. 2°. J’ai fait voir[2] par le témoignage de M. de Thou, que le procès de la demoiselle fut définitivement jugé à son préjudice l’an 1566. La promesse de mariage qu’elle produisait fut déclarée nulle. M. Varillas le savait bien en composant son Charles IX. Voyez les paroles que je cite en note[3] ; elles déclarent formellement que le mariage du duc de Nemours avec la duchesse de Guise fut précédé de la sentence qui déclara nulles les prétentions de mademoiselle de Rohan[4]. D’où vient donc qu’il dit ici qu’avant que cette demoiselle eût pris toutes les mesures dont elle avait besoin pour y former opposition, le duc de Nemours avait épousé la veuve du duc de Guise ? 3°. Quelle apparence que la demoiselle ait renouvelé ses poursuites après la naissance des deux garçons du duc de Nemours et de cette veuve ? Ce mariage s’était fait après la sentence définitive qui ruina les prétentions de la demoiselle, et par conséquent il n’y avait plus rien à dire contre les enfans issus de ce mariage. 4°. Et ainsi ces consultations des professeurs et des avocats, ce procès instruit avec beaucoup d’appareil, touchant la qualité des deux fils du duc de Nemours, sont des chimères. 5°. La querelle de religion ne fut point postérieure à la naissance de ces deux enfans ; car ce duc n’épousa la douairière de Guise qu’après avoir vidé son procès avec mademoiselle de Rohan, en l’année 1565, et il y avait eu déjà une très-sanglante guerre de religion. 6°. La maison de Rohan ne se fit point calviniste depuis la naissance des deux enfans du duc de Nemours ; car M. Varillas remarque[5] que dès l’an 1562, le vicomte de Rohan embrassa le calvinisme, par l’espérance d’épouser l’héritière de Soubise. 7°. C’est encore une chimère que cette pitié qui obligea, nous dit-on, la demoiselle de Rohan à suspendre ses poursuites contre le duc de Nemours paralytique. 8°. Selon M. Varillas, le roi Henri III n’érigea pas Loudun en duché : la mort du duc de Nemours l’en dispensa. Cependant il est certain que cette érection fut faite en faveur de la demoiselle de Rohan. 9°. La plus énorme des fautes de cet auteur est de dire qu’il n’était point sorti d’enfans du commerce du duc de Nemours avec cette demoiselle. Voyez ci-dessus[6] le passage du sieur d’Aubigné[7].

  1. Discours de Catherine de Médicis, pag. m. 100
  2. Dans la remarque (A).
  3. Aussitôt que la sentence définitive eut été signifiée à la demoiselle de Rohan, le duc de Nemours épousa la douairière de Guise. Varillas, Histoire de Charles IX, tom. II, pag. 34, à l’ann. 1566.
  4. Voyez Hilarion de Coste, Éloges des Dames, tom. I. pag. 76.
  5. Histoire de Charles IX, liv. III, au commencement.
  6. Dans la remarque (C).
  7. Voyez aussi le Laboureur, Additions aux Mémoires de Castelnau, tom. I, pag. 808.

GARONNE, en latin Garumna, l’une des quatre grandes rivières de France. Papyre Masson [a] vous fournira plusieurs passages de poëtes concernant cette rivière. Joignez-y la jolie et plaisante imagination de MM. de la Chapelle et de Bachaumont [b] sur son flux et son reflux. Je me borne à marquer quelques fautes de M. Moréri (A).

  1. In Descriptione Franciæ per flumina.
  2. Dans la Relation de leur voyage.

(A) Je me borne à marquer quelques fautes de M. Moreri. ] 1°. Il dit que la Garonne traverse la plaine d’Aran, dans le pays de Comminges. C’est n’entendre rien dans le latin qu’on a copié, car voici comme parle M. Baudrand, l’original de M. Moréri : Oritur (Garumna) in montibus Au-