Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
MAYERNE.

ladie ; mort, et ouverture du corps de ce prince dans l’ouvrage que j’ai allégué [a].

  1. À la page 103 et suivantes des Opera Medica Theod. Turquet. Mayernii, édit. de Londr. 1700.

(A) Mayerne le réfuta par un autre ouvrage, qui fut réfuté à son tour. ] Gui Patin a fait mention de cette dispute, mais en homme qui se plaisait à médire, et qui était ennemi des médecins innovateurs. Le sieur de Mayerne Turquet, dit-il [1], médecin du roi d’Angleterre, est, à ce que j’apprends, natif de Genève, fils d’un homme qui a fait l’Histoire d’Espagne [2], qui est aujourd’hui imprimée en deux volumes in-folio. Ce père [* 1] a aussi fait un livre intitulé, la Monarchie Aristodémocratique [3], qui fut contredit par Louis d’Orléans (c’est celui qui a fait des commentaires sur Tacite) dans sa Plante humaine, imprimée à Lyon et à Paris. Turquet fit une réponse à Louis d’Orléans en 1617. Il demeurait à Genève, ou près de là, dans la religion du pays [4]..... Je crois que son fils est médecin de Montpellier. Il vint à Paris, l’an 1602, et comme il se piquait d’être grand chimiste, il eut querelle avec quelques-uns des nôtres, d’où vint qu’on fit un décret, de ne jamais consulter avec lui. Il eut pourtant quelques amis de notre ordre, qui voyaient des malades avec lui. De cette querelle provint une apologie dudit Théodore Mayerne Turquet, de laquelle il n’est non plus l’auteur que vous ni moi. Deux docteurs de notre compagnie y travaillèrent, Séguin notre ancien, qui a toujours porté les charlatans, et son beau-frère Acakia [5]..... Ce Mayerne est encore aujourd’hui en Angleterre, fort vieux et presque en enfance. On dit qu’il a quitté le parti du roi, et qu’il s’est rangé du côté du parlement. J’ai vu un de ses enfans en cette ville, étudiant en médecine, qui depuis est mort en Angleterre. On dit qu’il est fort rude à ses enfans, tant il est avaricieux, et qu’il les laisse mourir de faim. Il est grand chimiste, fort riche, et sait le moyen de se faire donner force Jacobus, d’une consulte de cinq ou six pages. Il est entre autres baron d’Aubonne, belle terre dans le pays de Vaud, proche de Genève, de laquelle était seigneur, en l’an 1560, un certain évêque de Nevers, nommé Paul Spifame [6]..... Cette apologie de Mayerne ne manqua pas de réponse. M. Riolan le père y répondit, par un livret exprès, élégant et savant à son accoutumée.

M. Browne, comme je l’ai déjà dit [7], a observé que Mayerne eut un compagnon de fortune dans la persécution que lui firent les médecins de Paris. Il nomme Quercetanus cet associé dont le nom français était du Chesne. Patin ne dit rien de cette jonction ; mais il parle très-satiriquement de ce Quercetanus. Cette même année 1609, il mourut, dit-il [8], un méchant pendard et charlatan qui en a bien tué pendant sa vie et après sa mort par les malheureux écrits qu’il nous a laissés sous son nom, qu’il a fait faire par d’autres médecins et chimistes deçà et delà. C’est Josephus Quercetanus, qui se faisait nommer à Paris, le sieur de la Violette. Il était un grand ivrogne et un franc ignorant qui ne savait rien en latin, et qui n’étant de son premier métier que garçon chirurgien du pays d’Armagnac, qui est un pauvre pays maudit et malheureux, passa à Paris et particulièrement à la cour pour un grand médecin, parce qu’il avait appris quelque chose de la chimie en Allemagne.

Il faut que je dise que l’Histoire générale d’Espagne, composée par Louis de Mayerne Turquet, Lyonnais, fui premièrement imprimée l’an

  1. * Leclerc dit que Louis Mayerne, père de Théodore, était né à Lyon. Louis de Mayerne Turquet a place dans les Lyonnais dignes de mémoire, de Pernetti, qui n’avait pas consulté le récit de Minutoli, transcrit ci-après dans la remarque (C).
  1. Patin, lettre VIII, pag. 35 du Ier. tome : elle est datée du 16 de novembre 1645.
  2. Voyez la fin de cette remarque.
  3. Ce livre fut saisi, confisqué, et étroitement défendu. Voyez le Mercure Français, tom. II, à l’an 1611, pag. m. 184.
  4. Patin, lettre VIII, pag. 36 du Ier. tome.
  5. Là même, pag. 37 du Ier. tome.
  6. Là même, pag. 39.
  7. Dans le corps de cet article, citation (c).
  8. Patin, lettre XXXI, pag. 142 du Ier. tome.