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MALDONAT.

signabat. Hoc visum quanquàm pro somni ludibrio habitum, comprobavit eventus ; nam à Gregorio XIII pontifice maximo è Galliâ in urbem accersitus ; ut operam sua prestaret ad editionem græcam lxx interpretum, quam parabat, non diù Romæ superstes fuit. Ibi lucubrationem illam suam absolvit, et Claudio Aquavivæ recens in præpositum generalem electo ad diem xxi decembris, anno mdlxxxii obtulit ; ac secundum id, acerrimus eum dolor incessit eâ corporis parte, quæ tanto jam priùs illi fuerat per nocturnam signata visionem [1]. Il est très-probable qu’on a su cela de Maldonat même, et qu’il n’a point prétendu tromper ceux à qui il le racontait. Il est d’ailleurs peu probable que le hasard ait été cause de cette grande conformité entre le songe de ce jésuite et l’événement. De tels faits, dont l’univers est tout plein, embarrassent plus les esprits forts qu’ils ne le témoignent.

(H) Il composa beaucoup de livres. ] Il ne publia rien lui-même ; tout ce qu’on a vu de lui a été mis sous presse depuis sa mort. Le premier de ses ouvrages qui ait vu le jour, est le Commentaire sur les quatre Évangiles [* 1]. M. Simon en a dit beaucoup de bien. Voici ses paroles : elles sont critiques et historiques en même temps [2]. « De tous les commentateurs dont nous avons parlé jusques à présent, il y en a peu qui aient expliqué avec tant de soin, et même avec tant de succès, le sens littéral des évangiles, que Jean Maldonat, jésuite espagnol. Étant mort à Rome avant qu’il eût atteint l’âge de cinquante ans, Claude Aquaviva, général de sa société, à qui il recommanda son Commentaire en mourant, donna ordre aux Jésuites de Pont-à-Mousson de le faire imprimer sur une copie qui leur fut envoyée. Ces jésuites témoignent dans la préface qui est à la tête de cet ouvrage, qu’ils y ont inséré quelque chose de leur façon, et qu’ils ont été obligés de redresser la copie MS. qui était défectueuse en quelques endroits, n’étant point en leur pouvoir de consulter l’original qui était à Rome. L’auteur, de plus, n’ayant point marqué à la marge de son exemplaire, les livres et les lieux d’où il avait pris une bonne partie de ses citations, ils ont suppléé à ce défaut. Il paraît même que Maldonat n’avait pas lu dans la source tout ce grand nombre d’écrivains qu’il cite ; mais qu’il avait profité, comme il arrive ordinairement, du travail de ceux qui l’ont précédé. Aussi n’est-il pas si exact que s’il avait mis la dernière main à son Commentaire [3]. Nonobstant ces défauts, et quelques autres qu’il est aisé de redresser, on voit bien que ce jésuite a travaillé avec beaucoup d’application à cet excellent ouvrage. Il ne laisse passer aucune difficulté qu’il ne l’examine à fond. Lorsqu’il se présente plusieurs sens littéraux d’un même passage, il a de coutume de choisir le meilleur, sans avoir trop d’égard à l’autorité des anciens commentateurs, ni même au plus grand nombre, ne considérant que la vérité en elle-même. Il rejette souvent les interprétations de saint Augustin, etc. »

Les Commentaires de Maldonat sur Jérémie, Baruch, Ezéchiel et Daniel furent imprimés à Lyon, l’an 1609, et à Cologne, l’an 1611. On y joignit son Exposition du psaume cix et une lettre touchant sa dispute de Sedan. Son Traité de Fide fut imprimé à Mayence l’an 1600, et celui des Anges et des Démons, à Paris l’an 1605. Quant à la Somme des cas de Conscience, et aux Controverses des sept Sacremens, deux ouvrages qui ont paru sous son nom, les bibliothécaires de la compagnie les traitent de supposés. Voici leurs paroles : « Summa casuum conscientiæ, quæ tanquam hausta è scriptis et doctrinâ Maldonati et collecta per Martinum Codognat,

  1. * Joly dit que les bonnes éditions du Commentaire de Maldonat, les seules qui ne soient pas interpolées, sont celles de Pont-à-Mousson, 1596 ; de Bresse, 1598 ; de Lyon, 1601 ; de Mayence, 1602 ; de Paris chez Langlé, 1617.
  1. Alegambe, Biblioth. societ. Jesu, p. 256.
  2. Simon, Hist. des Comment. du Nouveau Testament, pag. 618.
  3. M. de Thou est du même avis. Nihil vivens publicavit, dit-il, lib. LXXVIII, pag. 481, post mortem ejus, operâ ac curâ Clementis Puteani ex eodem sodalitio viri doctissimi, prodierunt eruditissima Commentaria in IV Evangelistas Mussi Ponti edita, meliora et integriora multorum judicio futura, si superstite auctore edita fuissent.