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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/176

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MALDONAT.

Scioppio : Proferat fur (inquis) scriptam meum, in quo ulla vestigia existent, quòd Maldonatum LEONEM vocârim. Proh Deum immortalem ! tunc tam impudens es, ut id negare audeas ? Cedo enim, an non hæc tua sunt verba de Maldonato in Elencho trihæresii adversùs Serarium, cap. xi, fol. 89. Raro verum dicit, nisi in illis, quæ ab aliis accipit, quibus cùm maledicit, putat se furta sua occultare posse. Utinam viveret, non inultas sycophantias ferret. Sed LEONI non respondetur post mortem ejus. I nunc, et Scioppium mendacii postula. Rivet a suivi les traces de Scaliger : il ne laisse à Maldonat aucune bonne qualité [1] ; il en fait, et un fort malhonnête homme, et un ignorant, ou du moins un faux savant. Paréus, dans son Commentaire sur saint Matthieu, a censuré ce jésuite très-souvent et très-fortement.

(L) Pasquier n’a pas compris la faiblesse de cette objection. ] Voici un passage du plaidoyer qu’il prononça contre les jésuites, l’an 1564. Depuis deux mois en ça votre métaphysicien Maldonat a voulu par l’une de ses leçons prouver un Dieu par raisons naturelles, et en l’autre par mêmes raisons, qu’il n’y en avait point. Faire le fait et le défait sur un si digne sujet ! je demanderais volontiers auquel il y a plus d’impiété et transcendance, ou en la première, ou en la seconde leçon ? Et en effet ce sont les saints mystères esquels vous reluisez sur le peuple, ce sont les belles semences que vous dispersez entre nous [2]. Il y a trois fautes dans ce reproche. 1°. C’est agir contre la bonne foi, que de prétendre qu’un homme qui, après avoir exposé les preuves de l’existence de Dieu, expose les raisonnemens ou les objections des athées, prétend renverser ce qu’il avait établi. On ne peut donc disculper cet avocat : il a rapporté infidèlement l’état de la chose ; il a voulu persuader que Maldonat s’était proposé également de prouver qu’il y a un Dieu, et qu’il n’y a point de Dieu. Ce n’était point l’intention de ce jésuite : il se proposait dans l’un et dans l’autre de ces deux discours les preuves de l’existence de Dieu : dans le premier, par l’exposition des argumens très-solides de ceux qui la tiennent ; dans le second, par l’exposition des argumens faibles de ceux qui la nient. 2°. Pasquier se trompe puérilement lorsqu’il blâme cette méthode de dogmatiser ; car il n’y a point de matière sur quoi il ne faille qu’un philosophe examine les objections des adversaires, sans les énerver par politique. Ainsi le métaphysicien Maldonat ne faisait que son devoir, lorsqu’il destinait une leçon à l’examen des raisonnemens des impies. 3°. C’est une absurdité, je ne dirai pas indigne d’un aussi docte personnage qu’Étienne Pasquier, mais de tout homme qui a un peu de sens commun, que d’assurer qu’il y a autant d’impiété à prouver un Dieu par raisons naturelles, qu’à prouver par mêmes raisons qu’il n’y en a point. Tous ceux qui feront attention à ces trois censures du passage de Pasquier, croiront sans peine, et sans attendre des preuves, que cet habile avocat a eu la honte de succomber là-dedans. Je ferai voir néanmoins de quelle façon on le poussa.

Devant que monstrer icy l’ignorance de Pasquier, faut noter le subject de la calomnie. Maldonat en ceste année, l’an 64, traictoit la question utile en tout temps, et necessaire au nostre ; question que le maistre des sentences, saint Thomas et tous les autres docteurs théologiens, traictent ès questions de Deo, à sçavoir s’il y a un Dieu ; laquelle question se doibt decider par raisons naturelles, et sert pour oppugner les athées, qui ne croyent point de Dieu, et en disputant ne reçoivent aucun tesmoignage de l’Escriture, mais seulement les argumens tirez du cru de la nature. Pour la traicter solidement, les théologiens apportent les argumens pro et contrâ, et confirment la verité par vives raisons, et par les mesmes refutent le mensonge et impieté des athées, et leurs argumens contraires. Ainsi fit Maldonat. Pasquier n’ayant ny sceu ny voulu entendre le sens de la question, a faict le fond

  1. Nos certè meritò in eo et veram eruditionem, et fidem, etiam aliquandò mentem et sensum requirimus. Rivetus, Comment. in Psalm. CX, Operum tom. II, pag. 329.
  2. Pasquier, Recherches de la France, liv. II, chap. XLIII, pag. m. 337.