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MARIUS.

pitome de la Bibliothéque de Gesner mérite d’être critiqué (F).

(A) Il fut surnommé Æquicola, à cause qu’il était né au pays des Æques en Italie. ] C’est le sentiment de Léandre Albert dans sa description de l’Italie. Æquicolorum nomen superiori memoriâ Marius Alvetius plurimùm nobilitavit cognomento Æquicolæ [1]. Les paroles italiennes de cet autour sont celles-ci : ha illustrato gli Equicoli, Mario di Alveto [2]. On ne doit pas s’étonner que Nicodémo [3] ne les ait pas employées à réfuter Nicolas Toppi, qui a mis ce Mario entre les auteurs napolitains [4] ; car on a pu l’y mettre avec beaucoup de raison. Marius Æquicola était d’Alvito ; et si d’un côté plusieurs géographes croient que ce lien-là état situé dans le pays des anciens Æques, il est certain de l’autre qu’il appartient présentement au royaume de Naples.

(B) Il composa en italien une histoire de Mantoue. ] Citons ces paroles de Léandre Albert : Diù inter Francisci Gonzagæ Mantuani marchionis familiares fuit, et linguâ vernaculâ pereleganter Gonzagarum vitas scripsit [5]. Ne croyez point ce qu’il dit de l’élégance de cet ouvrage ; car j’ai su de bonne part que le style en était si rude, que Benoît Osanna fut obligé de le corriger, et de le polir lorsqu’on fit une nouvelle édition de cette Histoire de Mantoue, l’an 1608. Maximam vitæ partem Mantuæ egit Marius inter familiares Isabellæ Estensis uxoris Francisci II marchionis in cujus gratiam scripsit de Mantuanâ historiâ breves commentarios à rerum origine ad sua usquè tempora linguâ italicâ, eâque rudi et rancidâ, ut ea ætas ferebat. Verùm sæculo sequenti Bened. Osanna, Mantuanus, cùm Marii historia recuderetur, voces obsoletas usitalis commutavit, et stylum rubigine squallidum limavit ornavitque [6]. Elle est divisée en cinq livres : les trois premiers sont dédiés à François II, marquis de Mantoue, qui mourut l’an 1519. Le quatrième, tout destiné à la vie de ce marquis fut dédié à Frédéric de Gonzague son fils, dont Marius était secrétaire, si l’on en croit Bonesmond. Le cinquième contient l’Histoire de ce Frédéric jusques à l’année 1521. C’est de quoi j’ai été instruit par un mémoire que monsieur... a eu la bonté de m’envoyer.

(C) Il fit plusieurs autres livres. ] Un traité de Opportunitate, imprimé à Naples en 1507, in-4°. ; Epistola ad Maximilianum Sfortiam Mediolani ducem de liberatâ Italiâ, imprimée l’an 1513, in-4°. ; une apologie latine à l’encontre des Médisans de la nation française. Elle fut traduite en français par Michel Rose, et cette version fut imprimée à Paris l’an 1550, in-8°. D. Isabellæ Estensis Mantuæ principis Iter in Galliam Narbonensem descriptum. Je parlerai ci-dessous de la description de ce voyage. L’on trouve dans la Bibliothéque de Draudius [7] un Marius Æquivolus Olivetanus, auteur d’un livre de théologie [8], imprimé à Munich l’an 1584, et [9] un Marius Æquicolius, auteur d’une harangue de Laudibus trium Philosophiæ Facultatum. Le Toppi [10] donne le premier de ces deux traités à notre Mario Æquicola : il en rapporte le titre avec une clause que Draudius a oubliée, c’est qu’Anselme Stocklius avait retiré des ténèbres cet ouvrage-là, et l’avait donné au public après l’avoir corrigé. Léonard Nicodémo [11] rapporte ce titre : Introduzione di Mario Equicole al comporre ogni sorte di rima della lingua volgare, con uno eruditissimo discorsa della pitura, e con molte segrete allegorie, intorno alle muse, ed alla

  1. Leander Albertus, in Descript. Ital., pag. 225.
  2. Folio m. 149 verso.
  3. Nicodemo, Addiz. alla Biblioteca napoletana, pag. 172.
  4. Nicolo Toppi, Biblioteca napoletana, pag. 206.
  5. Leand. Albertus, in Descript. Italiæ, pag. 225.
  6. Ces paroles sont tirées d’un Mémoire que M... a eu la bonté de m’envoyer.
  7. À la page 283 de l’édition de Francfort, 1625.
  8. In quo tractatur undè antiquorum Latria, et vera catholica religio incrementum sumpserint : cum epistolâ Anshelmi Stocklii equitis.
  9. À la page 1451.
  10. Nicolo Toppi, Biblioteca napoletana, pag. 206.
  11. Nicodemo, Addiz. alla Bibliot. napoletana, pag. 171.