nité qui lui avait rendu le souvenir de tant de choses, de lui ôter celui des injures qu’il recevait.
Musarum veneranda parens, quam Juppiter ipse,
Ipse pater Divûm, tenero dilexit amore :
O diva, ô nostræ merito pars maxima famæ,
Est aliud supplex quod ego tua numina posco.
Si te non pigeat, si non indebita posco,
Quæ mihi tot rerum, rerum mihi jucundarum,
Quas oblitus eram, rursùm meminisse dedisti,
Da, Dea, da nobis, atrocia tot nebulonum,
Immeritum qui me pergunt vexare libellis,
Dicta oblivisci, memori mihi condita mente.
Mais, nonobstant cette heureuse restitution,
il y a preuve que M. Ménage
ne parlait pas exactement de l’affaire.
Considérez un peu ces paroles
du Ménagiana. « J’ai dit, il y a quelques
années, que j’avais perdu la
moitié de ma mémoire, parce que
je me souvenais fort bien de ce que
j’avais prêté, et que je ne me souvenais
point de ce que j’avais emprunté.
Cela fut rapporté en Hollande,
et ceux qui me connaissaient
me plaignirent, croyant que je
l’eusse perdue entièrement : cependant
je l’ai encore assez bonne, et
j’en ai donné des marques par les
livres que j’ai mis au jour depuis
ce temps-là [1]. » Comment pouvait-il
s’imaginer que le rapport d’un
discours de conversation eût persuadé
en Hollande qu’il avait perdu entièrement
la mémoire ? N’avait-on
point vu imprimée son Hymne ad
Mnemosynen, où il fit savoir à tout
le monde qu’il ne se souvenait plus
de rien ?
Pour connaître quelle fut la force et l’étendue de sa mémoire, il ne faut que considérer ce qu’il en dit, et ce que monsieur l’abbé du Bois [* 1] y ajoute aux pages 309, 310 et 311 du Ménagiana à la première édition de Hollande.
(D) Bien des gens souhaiteraient qu’il eût publié quelques-uns de ses plaidoyers. ] Sa première profession fut celle d’avocat plaidant. Nous le savons de lui-même ; car voici un passage de ses Origines. En 1632, je fus reçu avocat à Angers, qui est le lieu de ma naissance, et j’y plaidai ma première cause contre M. Ayrault, mon cousin germain, qui fut depuis conseiller au parlement de Bretagne, et commissaire de la chambre de justice. Je vins à Paris en la même année, où je fus aussi reçu avocat, et où j’ai plaidé pendant plusieurs années. En 1634 le parlement de Paris alla tenir les grands jours à Poitiers, où je plaidai aussi. Et c’est ce qui a fait dire à M. Costar que, comme il y avait des sergens exploitans par tout le royaume, j’étais un avocat plaidant par tout le royaume ; et c’est à cause de cela même, que le père Jacob, carme, m’a dit dans une de ses listes des livres nouveaux, qu’il m’a fait l’honneur de m’adresser, Atque erit in triplici par tibi nemo foro [2]. Les Mémoires pour servir à la Vie de M. Ménage, imprimés à la tête de la suite du Ménagiana, apprennent qu’il plaida plusieurs causes au parlement de Paris, une entr’autres pour M. Sengebère, son maître de droit, qui voulait répudier sa femme pour cause d’adultère. Je suis sûr que ce plaidoyer serait agréable à bien des gens, si on l’imprimait.
- ↑ * Joly observe qu’il faut lire du Bos, et non du Bois.
- ↑ Ménagiana, pag. 31 et 32 de la première édition de Hollande.
- ↑ Ménage, Origines de la Langue française, au mot Rachat, pag. 611, édition de 1694. Voyez les Mémoires de Marolles, pag. 96.
MENANDRINO (Marsille de), plus connu sous le nom de Marsille de Padoue, la ville de sa naissance, a été un des plus doctes jurisconsultes du XIVe. siècle [a]. Il étudia dans l’université d’Orléans [b], et fut conseiller de l’empereur Louis de Bavière, et il écrivit une apologie pour ce prince, l’an 1324 (A), dans laquelle il soutint que le pape doit être soumis à l’empereur, non-seulement à l’égard des choses temporelles, mais aussi à l’égard de la discipline extérieure de l’Église. Il décrivit fortement l’orgueil, le luxe, et les autres dé-