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MÉZIRIAC.

cour. Et il disait depuis, qu’il n’avait jamais été en si grande peine, lui semblant qu’il avait déjà sur ses épaules le pesant fardeau de tout un royaume. On assure dans le Dictionnaire de Moréri [a] que depuis il revint à Paris et fut de l’académie française. Le dernier de ces deux faits est véritable, l’autre est faux [b] : ce savant homme fut choisi pour occuper l’une des places de l’académie naissante, quoiqu’il fût absent ; et lorsque son tour fut venu d’y faire un discours, il en envoya un, qui fut lu dans l’assemblée par M. de Vaugelas [c]. On voit dans un livre du sieur Colomiés une particularité dont M. Pélisson ne parle pas : c’est que M. de Méziriac avait été jésuite à l’âge de vingt ans, et qu’il avait fait sa première classe à Milan, où étant tombé malade, il se fit derechef séculier [d]. Il mourut à Bourg en Bresse [e], le 26 de février 1638 [f], et laissa plusieurs enfans de son mariage avec Philiberte de Chabeu [g]. On connaîtra par la remarque que l’on verra ci-dessous, touchant ses écrits (B), que ce fut un homme d’un si grand fonds de génie qu’il y put placer commodément les sciences qui ont entre elles le moins de rapport. Il fut assez bon poëte en français, en italien et en latin, un excellent grammairien, un grand grec, un grand critique. Il connut tous les plus petits sentiers du pays des fables ; la mythologie ne contenait rien qu’il ignorât. Il fut philosophe et théologien bien versé aux controverses [h], et il se tirait admirablement des questions les plus abstraites de l’algèbre et des mathématiques. Guichenon a dit que, sans offenser sa mémoire, on lui « peut donner l’éloge que Quintilien a baillé à un grand personnage de son temps, qui eût pu laisser de plus beaux ouvrages s’il eût voulu, felix ingenium ! quod voluit potuit ! ô utinàm meliora voluisset [i] ! » Nous parlerons à part des écrits qu’il destinait à l’impression (C). On se trompe quand on assure qu’il n’avait guère que quarante-cinq ans lorsqu’il mourut (D) ; mais je ne saurais marquer bien précisément le nombre de ses années. On dit [j] « que M. D. S., qui est... de la famille de cet illustre académicien, a ce semble hérité de sa connaissance de la fable : il travaille à en faire une l’histoire, dont il n’y aura aucune circonstance qui ne soit appuyée ou ornée de quelque trait d’un poëte grec ou latin. »

L’un de ses fils a été président

  1. Au mot Bachet.
  2. Je ne prétends pas nier que Méziriac n’ait fait des voyages à Paris ; mais seulement qu’il soit revenu s’y établir, ce qui est le sens du Moréri.
  3. Pélisson, Hist. de l’Académie française, pag. 104.
  4. Colomiés, Recueil de Particularités, pag. m. 109, 110. Il marque qu’il avait appris cela de M. Patin.
  5. Guichenon, Hist. de Bresse, IIIe. part., pag. 10.
  6. Pélisson, Histoire de l’Académie française, pag. 262.
  7. Guichenon, Histoire de Bresse, IIIe. part. pag. 10.
  8. Guichenon, Hist. de Bresse, IIIe. part. pag. 10.
  9. Là-même.
  10. Diversités curieuses, tom. VII, pag. 121, 122, édit. de Holl.