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MÉZIRIAC.

pères d’aimer leurs enfans généralement, ils portent encore une affection particulière à leurs premiers nés. C’est pourquoi ce livre étant le premier qui soit parti de ma main, et comme l’enfant premier né de mon esprit, c’est avec juste raison que je le chéris particulièrement, et que je ne me contente pas de l’avoir mis au monde, mais je veux encore prendre le soin de sa conservation et de son accroissance. M. Pélison remarque [1], 1°. que le livre des Récréations arithmétiques est un ouvrage où M. de Méziriac enseigne toutes les subtilités qu’on peut faire dans les jeux, par les nombres, et d’où on a pris une partie des récréations mathématiques [2] ; 2°. que son Diophante, traduit de grec en latin avec des commentaires, est un ouvrage dont M. de Fermat et tous ceux qui entendent l’algèbre, font très-grande estime, et que M. de Méziriac disait lui-même qu’il s’étonnait comment il avait pu venir à bout de cet ouvrage ; et qu’il ne l’aurait jamais achevé sans la mélancolie et l’opiniâtreté que lui donnait une fièvre quarte qu’il avait alors. Vossius [3] ne marque pas bien l’année de cette édition de Diophante. Il la met à l’an 1623, et il fallait la mettre à l’an 1621. L’historiographe de Bresse n’a point commis cette faute, mais il a trop multiplié les éditions de ce livre. Les ouvrages que M. de Méziriac a fait imprimer, dit-il [4], sont : « Diophanti Alexandrini Arithmeticorum libri sex, et de numeris multangulis liber unus ; livre rare qu’il avait restitué pour la plus grande partie, et enrichi de très-doctes commentaires. Il fut imprimé premièrement à Paris, en l’an 1621, et dédié à ce grand oracle Antoine Faure [* 1], premier président de Savoie : depuis il a été réimprimé plusieurs fois en Allemagne. Problèmes d’arithmétique et de mathématique ; Traduction de quelques épîtres d’Ovide en vers français, avec des commentaires très-curieux ; Traité de la Tribulation, traduit de l’italien de Cacciaguerra ; Epistolæ et Poëmata varia ; Vie d’Alexandre Lusague ; Vie d’Ésope, en laquelle, au jugement de tous les doctes, il y a de très-riches et belles remarques. » M. Pélisson développe ce que nous voyons là confusément à l’égard des poésies de notre auteur. On voit de lui un petit livre de poésies italiennes, où il y a des imitations des plus belles comparaisons qui sont dans les huit premiers livres de l’Énéide ; un autre de poésies latines ; plusieurs poésies en français. Il y en a dans le recueil de 1621, appelé Délices de la poésie française, et dans celui de 1627 [5]. Notez que Diophante n’avait jamais paru qu’en latin. Xylander l’avait publié en cette langue, l’an 1575. Ces paroles de M. Konig, Casp. quoque Bachetus, an. 1613, profundissimis speculationibus eum (Diophantum) illustravit [6], seraient très-justes, si au lieu de 1613 on voyait 1621. Je crois que ses imprimeurs ont mis 1613 au lieu de 1623 ; car Vossius a été sans doute l’original de M. Konig : je me le persuade d’autant plus facilement que je vois ceci dans Vossius : Anno ciↄ iↄ cxxiii Gaspar Bachetus Diophantum illustravit. Imò profundis in eum speculationibus immortalem sibi gloriam comparavit, ut judicium est Jacobi de Billy Compendiensis, præfatione in algebram [7]. Quant à la remarque de M. Konig, que M. Bouillaud a donné une édition de Diophante, je la crois fausse. Mettons ici une brusquerie de Malherbe : « M. de Méziriac, accompagné de deux ou trois de ses amis, lui apportant un livre d’arithmétique d’un auteur grec, nommé Diophante, qu’il avait commenté, et ses amis louant extraordinairement ce livre, comme fort utile au public, Malherbe leur demanda s’il

  1. * Leclerc dit qu’il faut écrire Favre ; et que ce Favre était le père de Vaugelas.
  1. Pélisson, Histoire de l’Académie française, pag. m. 263.
  2. C’est le titre d’un livre qui a été imprimé plusieurs fois. J’en ai l’édition de Paris, 1630, in-8°., qui est accompagnée des remarques de Claude Mydorge.
  3. Vossius, de Scient. Mathemat., pag. 341 et 464.
  4. Guichenon, Hist. de Bresse, IIIe. part., pag. 10.
  5. Pélisson, Histoire de l’Académie française, pag. 262.
  6. Komg., Biblioth., pag. 252.
  7. Vossius, de Scient. Mathemat., pag. 341.