boureur fit une réponse pour M. le prince. Toutes les deux pièces ne valent rien [a] [* 1].
- ↑ * Le père Niceron, qui a consacré un article à Morgues dans le tome XXXV de ses Mémoires, cite pour toute autorité Bayle. Il ajoute que les œuvres de Morgues fournissent la plus grande partie des circonstances de sa vie. Mais Bayle et Niceron ont oublié dans la liste des ouvrages de Morgues, son Traité de la dignité de l’aumône chrétienne, Paris, 1661, cité, dit Joly, parmi les livres in-4o. de la bibliothéque de M. Galloys, n°. 351.
- ↑ Patiniana, pag. 107, édit. de Paris, 1701.
(A) Il sauta les murailles du collége des jésuites d’Avignon... et accommoda cette affaire le mieux qu’il put. ] Ce qu’il avance sur ce sujet n’est pas compatible avec ce qu’on lui objecta. L’objection porte qu’il se fit prêtre dans l’apostasie ; avant qu’avoir dénoué par une dispense les liens qui le tenaient encore attaché par un bout à l’ordre qu’il venait d’abandonner [1]. Plusieurs, continue-t-on, le peuvent avoir ouï dire quelquefois au cardinal Spada, devant lequel tu fis long-temps le pleureur, pour voir si tu le pourrais émouvoir à quelque compassion. Or voici ce qu’il avait répondu à un auteur qui l’avait nomme jésuite renié : « Celui que vous accusez déclare qu’il a été fort jeune dans une compagnie qu’il n’a point quittée ni par légèreté ni pour se jeter dans les plaisirs. Il se fût marié s’il eût voulu, après sa retraite, et pouvait choisir une autre profession que celle qu’il a prise, n’ayant aucun ordre sacré ni l’âge pour le prendre [2]. » Cela ne signifie-t-il point qu’il sortit de chez les jésuites avant que d’y avoir fait aucun vœu ? Comment pouvait-il donc tenir à leur ordre par un bout ? Notez qu’il ne répond rien sur ce qu’on lui avait dit qu’il régenta quelques classes chez les jésuites d’Avignon. Il faut donc croire que c’est un fait véritable. D’où il s’ensuit qu’il a déguisé les choses, lorsqu’il a dit qu’il lui était libre de se marier en sortant de cette société. [* 1]
(B) Il employa.… une manière de dilemme qui fut rétorquée contre lui. ] « Il nous dit que si les jésuites sont gens de bien, il doit être loué d’avoir hanté bonne compagnie : s’ils sont méchans, il ne mérite pas d’être méprisé pour s’en être séparé. Mais il est vrai qu’ils sont vertueux, et que ce serait un mal de n’être plus avec eux, si on était devenu vicieux, ou qu’on ne les eût pu quitter en conscience, ni eux dispenser avec justice un homme qui n’avait point fait de profession [3]. » Voila sa réponse. Nous allons voir ce qui lui fut répliqué : Ton argument ressemble à ces poignards, dont on se servait anciennement aux tragédies : il rentre dans soi-même, sans porter coup. Je le tourne contre toi, et dis : Si les jésuites sont méchans, tu dois être blâmé d’avoir hanté mauvaise compagnie : s’ils sont bons, tu ne peux nier qu’il ne te soit reprochable de les avoir laissés. Il n’y a rien à dire là-dessus. Mais il est vrai qu’ils sont vertueux, dis-tu. Ça bien toujours été mon opinion ; mais ce n’a pas toujours été la tienne. Tu n’en parlais pas de la sorte, quand après avoir fait le contre-poids des jésuites et des huguenots, tu condamnais également les uns et les autres à vider le royaume. Ton discours se voit encore imprimé [4]. Joignons à cela un autre passage qui nous apprend plus distinctement qu’il haïssait la société qu’il avait quittée. Dis-nous, de quel ordre était ce jeune religieux de ta classe à qui tu fis tenir tes écrits par dessus les murs, avant que de sauter à bas ; car on n’est pas bien assuré s’il était carme ou jacobin.….… Dis-nous, quel fut le motif de cet arrêt par lequel tu condamnas depuis, dans un de tes livres, à sortir de France ceux de chez lesquels tu étais sorti. Qui dit que ce fut le dépit de voir à
- ↑ * Il n’a en cela, dit Leclerc, rien déguisé, ni menti. Un jésuite qui, après ses premiers vœux, quitte la société avec la permission de son général peut se marier ; cette permission le relevant de ses vœux.
- ↑ Première Lettre de Change de Sabin à Nicocléon, à la page 716 du Recueil des pièces pour servir à l’Histoire, édition de 1643, in-4°.
- ↑ Morgues, Reparties sur la réponse à la Remontrance, pag. 7.
- ↑ Morgues, Reparties sur la réponse à la Remontrance, pag. 8.
- ↑ Première Lettre de Change de Sabin à Nicocléon, pag. 716.