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MUSAC.

ramolin est un fait que je tiens pour très-douteux ; 2°. que la fille d’Eudes, femme de Froïla roi des Asturies, de laquelle font mention les monumens de Garibai, est différente de celle qui fut mariée à Munuza ; 3°. que cette certaine Nunine, que Froïla donna ordre qu’on lui gardât, et qu’il épousa dans la suite, n’est point la Ménine ou la Numérana fille d’Eudes, qui fut femme de Froïla, selon les monumens de Garibai ; 4°. que, sans se trop tourmenter à mettre d’accord Garibai et Sébastien de Salamanque, il vaut mieux dire que l’un des deux se trompe, et en tout cas préférer celui-ci à celui-là. Catel[1] remarque que le nom de la fille d’Eudes, mariée à Munios, seigneur de Cerdaigne, est ignoré.

(C) Sa femme fut aussi amenée à Abdérame. ] Voici deux passages formels [2] : le premier est de Rodéric de Tolède ; le second, d’Isidore de Badajos. Viri exercitûs caput Muniz præcipitio jam collisum cæde secundâ detruncant, et cum filiâ Eudonis regi suo læti præsentant. Abdiramen autem de rebellis interitu jucundatus ejus uxorem, cùm esset pulcherrima, summo regi trans maria honorificè destinavit. Écoutons maintenant Isidore de Badajos : Cujus caput ubi eum jacentem repererunt trucidant, et regi unà cum filiâ Eudonis memorati ducis præsentant, quam ille maria transvectans sublimi principi procurat honorificè destinandam. Il paraît par-là que M. Audigier se trompe lorsqu’il dit que Munioz demeura parmi les morts sur le champ de bataille, en 737, car premièrement, la mort de ce gouverneur précéda l’expédition d’Abdérame : elle est donc antérieure à l’an 732. Secondement, ce gouverneur ne fut point tué dans une bataille, il se sauvait par des routes inconnues ; et se voyant poursuivi, et ne voulant point tomber vif au pouvoir des Sarrasins, il se précipita du haut d’un rocher. Mézerai ne suit point le bon parti lorsqu’il dit qu’Abdérame prit prisonnier Munuza dans la Cerdaigne[3].

  1. Histoire du Languedoc, pag. 525.
  2. Cités par Audigier, tom. II, pag. 220. Il attribue, pag. 245, à Isidore de Badajos, ce qu’il avait attribué à Rodéric de Tolède, pag. 220.
  3. Abrégé chronol., tom. I, pag. 192.

MUSAC[* 1], gentilhomme bourguiguon, composa une conférence académique qui fut imprimée à Paris, l’an 1620. Elle est divisée en trois parties, et contient 334 pages in-8o. J’en donnerai quelques extraits, qui pourront servir de supplément à l’histoire de la dispute de Balzac avec le père Goulu (A). Je m’étonne que le sieur Sorel n’ait rien dit de cet ouvrage, lorsqu’il a fait le détail de cette fameuse querelle[a].

  1. * Ce Musac, gentilhomme bourguignon, n’est autre que Camus, évêque de Belley, qui pour se déguiser mit sur le titre de son livre l’anagramme de son nom. Leclerc en tire la preuve du Catalogne des livres imprimés de Mgr. l’évêque de Belley, donné par lui-même, où il cite pour son 31e. ouvrage la Conférencce académique. Baillet ayant élevé à 600 le nombre des écrits de Camus, la Monnoie dit que ces 600 pourraient être réduits à 100. Mais, depuis, ce même la Monnoie avoue qu’il était allé trop loin dans sa réduction, et qu’il aurait dû mettre 200. Niceron en effet, dans le 30e. volume de ses Mémoires, cite 186 ouvrages dont quelques-uns ont plusieurs tomes. Joly cite en l’honneur de Camus un passage d’une lettre de Grotius, de la fin de 1644, et le fragment d’une lettre de Boursault, où il est dit que jamais homme n’a été plus anti-moine que M. de Belley. Boursault ajoute que Camus ne cessait de fulminer contre les moines, et d’avertir d’être en garde contre leurs révérences intéressées, disant : que les moines ressemblent à des cruches qui ne se baissent que pour s’emplir.
  1. Dans sa Bibliothéq. française, pag. 120 et suiv.

(A) Je donnerai quelques extraits qui pourront servir de supplément à l’Histoire de la dispute de Balzac avec le père Goulu. ] Les personnages de cette conférence académique sont huit en nombre. Quelques-uns d’eux parlent pour Balzac ou contre Balzac ; quelques autres pour ou contre le père Goulu ; et enfin l’un exerce l’office de juge. On trouve à la page 47 que le judicieux Valentin qui a dressé le tombeau de l’orateur français et suivi le Trason pas à pas, examinant l’Apologie[1] page après page, y a

  1. C’est-à-dire l’Apologie de Balzac, composée par le prieur Ogier.