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OROBIO.OROSE.

de Celsus, si l’on joignait ensemble tous les passages qu’Origène en a allégués. Mais puisqu’il n’observe point cela, ni dans sa préface, ni dans ses remarques, je me défie de ceux qui m’ont fait ce conte. Rien ne saurait marquer plus solidement la bonne foi d’Origène : pourquoi donc ne l’aurait-on recommandé par cet endroit-là dans la préface de la version ?

OROBIO (Isaac), médecin juif, mort à Amsterdam en 1687. Voyez la Bibliothèque universelle[a][* 1].

  1. * Chaufepié a donné un article à Orobio.
  1. Au VIIe. tome, pag. 289 et suiv.

OROSE (Paul), en latin Orosius, prêtre espagnol, a fleuri au commencement du Ve. Consultez Moréri ; car pour ne répéter point ce qu’il a dit, je ne ferai point l’histoire de cet auteur ; je me contenterai de corriger quelques fautes qui le concernent. Ceux qui l’ont fait moine, et à l’an 471 (A), se sont trompés encore plus que ceux qui l’ont fait pion (B), et autant que ceux qui l’on fait évêque. Il est faux que saint Augustin l’ait prié de faire l’Histoire des plus grands événemens arrivés depuis Jésus-Christ (C), et qu’Orose ait composé cette histoire depuis la mort de saint Augustin (D). On ne saurait contredire raisonnablement Isaac Casaubon sur le mépris qu’il avait pour cet ouvrage (E), qui est néanmoins assez utile, et dont on a fait plusieurs éditions (F). Je me sers de celle de Cologne, 1572, qui ne contient pas autant de notes de François Fabrice que je voudrais.

On croit qu’Orose avait donné à son ouvrage le titre : De miseriâ hominum[* 1]. C’était un titre fort juste et qui convient à l’histoire en général, comme l’a très-bien remarqué un auteur fort judicieux (G).

  1. * Joly remarque que De miseriâ hominum est le titre du premier chapitre seulement et non de l’ouvrage entier.

(A) Ceux qui l’ont fait moine, et ont placé sa mort à l’an 471.] Vous trouverez leurs noms dans Philippe Elssius, duquel la crédulité méritait bien cette censure du père Labbe : Ut omittam fabulosos quosdam hispanos scriptores quos citat sequiturque Philippus Elssius, qui augustinianis suis eremitis accenset, vitamque ejus prorogat usquè ad annum 471, quo centenario majorem in Carthagine Spartariâ in Hispaniis obiisse contendit, atque indè Romam asportatum et in ecclesiâ S. Eusebii, ubi patruus ejus jacebat, sepultum. Sed hæc penitùs incerta dubiæque fidei. Quid quod et nonnulli legionensem episcopum fuisse putent[1] ?

(B) Ceux qui l’ont fait païen.] Le père Garasse a commis cette bévue, et cela dans une occasion où il veut convaincre les impies par le témoignage des infidèles, La seconde merveille de nature, dit-il[2], que je ramène en témoignage, seront les pommes cendreuses de Gomorrhe, et la statue de sel, deux authentiques actions qui ont pour déposans non-seulement les historiens sacrés, et les pères qui ont écrit sur le 19°. chapitre de la Genèse, mais encore tous les historiens profanes qui parlent du lac Asphaltite, comme sont Josèphe, Solin, Orosius, Pline et Tacite. Remarquez une autre bevue de Garasse : il dit faussement que Solin, Pline et Tacite, ont parlé de la statue de sel.

(C) Il est faux que saint Augustin l’ait prié de faire l’histoire des plus grands événemens… depuis Jésus-Christ.] « La ville de Rome ayant été prise en 410, par Alaric, roi des

  1. Philippus Labbe, Dissert. de Script. eccl., tom. II, pag. 175.
  2. Garasse, Somme théologique, pag. 192.