Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T11.djvu/597

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
579
PERGAME.

ritier[1]. Servius assure[2] qu’elles furent inventées à la cour des rois de Pergame, et qu’on les nomma aulæa, ab aulâ Attali[3], il se trompe sur ce dernier point ; car les Romains ne les nommèrent ainsi que parce qu’en grec elles se nommaient αὐλαίαι[4]. Quoi qu’il en soit, les tapisseries attaliques étaient célèbres. Quid illa attalica, totâ Siciliâ nominata, ab eodem Heio peripetas mata emere oblitus es[5] ? Le roi Attalus fut l’inventeur de la broderie d’or : aurum intexere in eâdem Asiâ invenit Attalus rex[6]. Consultez ce passage de Sicius Italicus :

Quæ radio jactat Babylon, vel murice picto,
Læta Tyros, quæque Attalicis variata per artem,
Aulæis scribuntur acu[7]. ......


Pline fait souvent mention du prix excessif que le roi Attale achetait les bons tableaux[8].

(O) Il faudra marquer quelques fautes du Moréri. ] J’ai égard ici à l’édition de Hollande. I. Il n’est pas vrai qu’Attale Ier. du nom ait étendu ses conquêtes dans l’Asie jusques au mont Taurus. Ce fut sous Eumènes que le royaume de Pergame eut cette étendue, et cela par la libéralité des Romains. Avant cela c’était un petit état, comme je vais le prouver. Συνεπολέμησε δὲ καὶ οὗτος (Εὐμένης) Ῥωμαίοις πρός τε Ἀντίοχον τὸν μέγαν, καὶ πρὸς Περσέα. καὶ ἔλαϐεν ὑπο τῶν Ῥωμαίων ἅπασαν τὴν ὑπ᾽ Ἀντίοχῳ τὴς ἐντὸς τοῦ Ταύρου. Πρότερον δ᾽ ἦν τὰ περὶ Πέργαμον οὐ πολλὰ χωρία μέχρι τῆς θαλάττης τῆς κατὰ τὸν Ἐλαΐτην κόλπον, καὶ τὸν Ἀδραμυττηνόν. Hic quoque (Eumenes) Romanorum socius fuit in bellis adversùs Antiochum Magnum, et Perseum : accepitque à Romanis quidquid Asiæ intrà Taurum Antiochus pessederat : cùm antè sub Pergami ditione fuissent pauca quædam loca usquè ad mare, juxta Sinum Elaiticum et Adramyttenum [9]. Le père Labbe a fait faire cette faute à M. Moréri ; car voici ses citations touchant Attale ; « Justin 27 ; Tite Live 34 ; Polybe 5, où il dit qu’il étendit ses conquêtes dans l’Asie jusques au mont Taurus [10]. » Je n’ai point trouvé cela au Ve. livre de Polybe, mais seulement qu’Attale pendant la guerre contre Achæus, contraignit les habitans de plusieurs villes à se déclarer pour lui. Ce n’est point ce qu’on appelle conquêtes : il ne paraît point qu’après son retour à Pergame ces villes lui aient été soumises. II. Il ne fallait pas se contenter de la citation des trois auteurs du père Labbe, puisqu’ils ne disent rien de l’amitié des quatre frères, qu’on propose ordinairement pour modèle de l’union qu’il doit y avoir entre les frères. Il fallait citer pour cela Plutarque, comme : avait fait le père Labbe[11]. III. La femme d’Attale, mère de ces quatre frères, s’appelait Ἀπολλωνίς[12]. Il ne fallait pas l’appeler Apollonie, mais Apollonis, ou Apollonide. IV. L’article d’Attalus II est pitoyable. On y débute par dire qu’il fut premièrement envoyé par son frère Eumènes à Rome, l’an 596, où il obtint tout ce qu’il souhaitait du sénat. Copie pure du père Labbe[13]. Cet Attalus avait plus de soixante ans au temps qu’on marque : il ne fallait donc point commenter par là son histoire, vu les choses mémorables qu’il avait faites auparavant. V. Je ne pense pas qu’il ait été ambassadeur de son frère à Rome, l’an 596 ; et je m’imagine qu’on a confondu les temps : on a transporté à cette année le voyage qu’il fit à Rome, après la prise du dernier roi de Macédoine, environ l’an 584. VI. Il est absurde de citer Polybe, lib. 5 ; et Justin, lib.

  1. Voyez le Commentaire Variorum sur Virgile, Géorg., lib. III, vs. 20.
  2. Ideò aulæa dicta sunt quòd primùm in aulâ Attali, regis Asiæ, qui populum romanum scripsit hæredem inventa sunt. Servius, in Æn., lib. I, vs. 697.
  3. Servius, in hæc verba Georgic., lib. III, vs. 25.

    Purpurea intexti tollunt aulæa Britanni.

  4. Voyez Plutarque, in Vitâ Themistoclis.
  5. Cicero in Verrem, lib. VI, folio m. 70, B.
  6. Plinius, lib. VIII, cap. XLVIII, pag. m. 232 : il dit au chap. III du XXXIIIe. livre. Attalicis jampridem aurum intexitur invento regum Asiæ.
  7. Silius Italicus, lib. XIV, pag. m. 636.
  8. Plin., lib. VII, cap. XXXVIII, et lib. XXXIV et XXXV.
  9. Strabo, lib. XIII, pag. 429.
  10. Labbe, Chronol. franç., tom. II, pag. 300, à l’ann. de Rome 512.
  11. Labbe, là même, pag. 336, à l’ann. 556.
  12. Strabo, lib. XIII, pag. 429.
  13. Labbe, pag. 365, à l’ann. 596.