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PYTHAGORAS.

in sequentibus, quandò dicit, περιέχει (carmen aureum)) πάσης φιλοσοφίας πρακτικῆς καὶ θεωρητικῆς τὰ καθόλου δόγματα, δὶ ὧν ἄν τις ἑαυτὸν καθαρὸν ἀπολάυω καὶ τὴν πρὸς θεὸν ὁμοίωσιν ἐντουχήσειε. Continet philosphiæ omnis practicæ ac theoreticæ decreta summa quibus quis et purgarese, et similem Deo facere valent [1]. L’auteur que je cite allègue [2] plu­sieurs passages qui témoignent que, selon ce philosophe, l’acquisition de la vérité était l’unique moyen de parvenir à être semblable à Dieu ; mais que pour connaître la vérité il la fallait rechercher avec une âme purifiée, et qui eût dompté les passions du corps, d’où il conclut ce que l’on va lire : Ex iis quæ superiori capite attulimus, manifestum est, philosophiam Pythagoricam id habere sibi maximè propositum, ut ad quandam similitudinem cum Deo sectatores suos ducat ; id verò fieri aliter non posse, quàm si veritati atque sapientiæ purâ integrâque mente incumbatur [3]. Joignons à cela le témoignage de l’anonyme qui avait écrit la vie de Pythagoras. Il dit [4] que les sectateurs de ce philosophe enseignaient qu’on se perfectionne en trois manières, 1°. en conversant avec les Dieux : car pendant ce commerce on s’abstient de toute mauvaise action, et l’on se rend semblable aux Dieux autant qu’une telle chose est possible ; 2°. en faisant du bien aux autres, car c’est le propre de Dieu, c’est l’imitation de Dieu [5] ; 3°. en sortant de cette vie. Les plus beaux présens que le ciel ait faits à l’homme, selon Pythagoras, sont de dire la vérité, et de rendre de bons offices : ces deux choses, disait-il, ressemblent aux œuvres de Dieu [6].

  1. Johannes Schefferus, de Naturâ et Constitutione Philosophiæ Italicæ, cap. X, pag. 78.
  2. Ibidem, cap. VII.
  3. Idem, ibidem, cap. VIII, pag. 56.
  4. Apud Photium, Codice CCXLIX, pag. 1313.
  5. Δεύτερον ἐν τῷ εὖ ποιεῖν. θεοῦ γὰρ τοῦτο καὶ θέιας μιμήσεως. Deindè benè de aliis merendo : Dei enim hoc proprium est, in eoque Deum imitatur. Photius, ibidem.
  6. Ælianus, Var. Hist., lib. XII, c. LIX.

(P) Les circonstances de sa mort sont rapportées diversement.] Il demeurait à Crotone chez Milon, avec ses disciples, et on l’y brûla. Un homme qu’il n’avait point voulu admettre dans cette société, mit le feu à la maison [1]. Apparemment la physionomie de ce personnage n’était pas heureuse : car Pythagoras ne recevait pour disciples que ceux dont la mine lui revenait, après l’avoir examinée selon les règles de l’art. C’était la première de ses démarches. Jam à principio adolescentes qui sese ad discendum obtulerant, ἐφυσιογνωμόνει. Id verbum significat, mores naturasque hominum, conjectatione quâdam de oris et vultûs ingenio, deque totius corporis filo atque habitu, sciscitari. Eum, qui exploratus ab eo idoneusque fuerat, recipi in disciplinam statim jubebat [2]. Il y en a qui disent [3] qu’il fut soupçonné de machiner l’usurpation de la souveraineté ; et que, pour aller au-devant de cette entreprise, les Crotoniates mirent le feu à son logis. Il se sauva au travers des flammes, et sortit hors de la ville : mais comme il entrait dans un champ de fèves, il s’arrêta, et il aima mieux se laisser tuer, que d’ouvrir la bouche, et que de gâter les fèves [4]. Selon Dicéarque [5] il s’enfuit au temple des Muses, à Métapont, et y mourut de faim après un jeûne de quarante jours. D’autres disent [6] qu’au retour du voyage qu’il avait fait à l’île de Délos, pour y fermer les yeux à son maître Phérécyde, et pour l’enterrer, il termina lui-même le cours de sa vie en s’abstenant de nourriture. Selon d’autres [7], il mena tous ses disciples au secours des Agrigentins, contre ceux de Syracuse ; et ayant été battu, il fut tué pendant qu’il fuyait autour d’un champ de fèves. Cela ne s’accorde guère, ni avec les quatre-vingts ans que l’on dit [8] qu’il a vécu, ni avec les quatre-vingt-dix [9] ; encore moins avec les qua-

  1. Diog. Laërtius, lib. VIII, num. 39.
  2. Aulus Gellius, lib. I, cap. 9.
  3. Laërtius, lib. VIII, num. 39.
  4. Ἁλῶναι μᾶλλον ἢ πατῆσαι. ἀναιρεθῆναι δὲ κρεῖττον ἢ λαλῆσαι. Capi præstat quàm has dare pessum, cædique satius est quàm quicquàm loqui. Idem, ibidem. Méric Casaubon conjecture qu’au lieu de λαλῆσαι il faut lire ἀλύσαι, vagari, errer misérablement.
  5. Idem, ibidem, num. 40.
  6. Idem, ibidem.
  7. Idem, ibidem.
  8. Idem, ibidem, num. 44.
  9. Idem, ibidem.