Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T13.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
SABELLICUS.

(C) Sabellic mourut de la vérole, à l’âge d’environ soixante et dix ans. ] L’auteur qu’on vient de citer ne dit pas en quelle année, mais Vossius prouve que ce fut l’an 1506 [1]. Piérius Valérianus a été plus retenu que Paul Jove sur la qualification de la maladie ; il n’a point dit que ce fût un mal vénérien : il est vrai que la description qu’il en donne contient plusieurs phénomènes que l’on explique heureusement par l’hypothèse de Paul Jove. Voici les termes de Valérianus : Eò plus infortunii et ærumnarum pertulit Sabellicus, vir ille scriptorum copiâ, et elegantiâ multò clarior, quàm meâ ullâ possit commendatione crescere, miserabilem vitæ finem eum sortitus est, quòd putridâ, perniciosâque correptus elephantiasi per annos aliquot miserabiliter cruciatus, interclusâ vocis viâ, cæterisque tam spiritûs, quàm cibi meatibus computrescentibus, gutturisque corruptis omnibus organis, venisque corrosis, non sine cruciabili tormento annos aliquot peregit, eâque tabe demùm confectus interiit [2] Paul Jove ne marchande pas tant : voyez la note [3]. Vossius observe que dans la liste des Historiens d’Udine, on assure que Sabellicus écrivit jusqu’en l’année 1513 : cela est démenti par deux lettres de Pierre Bembus, écrites l’an 1506, qui font mention de la mort de Sabellicus. La lettre cinquième [* 1] du IVe. livre [4] marque qu’il mourut le 17 d’avril 1506. Le même Vossius rapporte que Léandre Albert témoigne que Sabellicus survécut trois ans à la conclusion de ses Ennéades, qu’il avait conduites jusqu’à l’année 1504. Je trouve dans Léandre Albert que ces Ennéades furent conduites jusqu’en 1507, et que l’auteur mourut en la même année. J’ai consulté non-seulement la version latine [5] imprimée à Cologne, l’an 1567, mais aussi l’original italien, au feuillet 149 de l’édition de Venise, in-4o., 1561.

(D) Une inscription qui n’est pas assez modeste. ] Si un autre que lui l’eût faite [6], on la laisserait passer. Quoi qu’il en soit, la voici :

Quem non res hominum, non omnis ceperat ætas,
Scribentem capit hæc Coccion urna brevis.
M. Anton. Coccius Sabellicus vivus sibi F. [7].

(E) On imprima toutes ses œuvres à Bâle, l’an 1560. ] Cette édition, en quatre volumes in-folio, chez Hervagius, avait été précédée, l’an 1538, par une édition en deux volumes in-folio, chez le même Hervagius ; mais celle-ci ne contenait que les Ennéades et les dix livres d’Exemples [8], avec une Historica Synopsis, qui continuait les Ennéades jusqu’à l’année 1538. Cette continuation fut faite par Gaspar Hédion. L’édition de l’an 1560 fut dirigée par Célius Secundus Curion [9], qui y joignit une continuation des Ennéades jusqu’à cette année-là. Le IVe. tome comprend presque tous les opuscules de Sabellicus. Je dis presque, car on n’y inséra point sa Paraphrase de Suétone [10], accompagnée de notes, ni ses Observations critiques sur divers auteurs. Elles sont divisées en deux livres, et ont été imprimées plusieurs fois, et nommément à Venise, l’an 1508, in-folio. Badius les inséra dans une compilation de pareils ouvrages, l’an 1511. Grutérus les à insérées au premier volume de son Trésor [11]. Au reste, ceux qui mettent les Ennéades de cet auteur entre les livres qui ont été imprimés peu de temps après l’invention de l’imprimerie, s’abusent trés-lourdement. M. Beughem parle d’une édition de cet ouvrage, faite à Mayence l’an 1442. Sabellicus, Historiæ Enneades septem [12].

  1. * Ce n’est pas, dit Niceron, la lettre Ve., mais la IVe., qui parle de la mort de Sabellicus, et la marque au 14 des kalendes de mai ; qui est le 18, et non le 17 avril.
  1. Vossius, de Hist. lat., pag. 670.
  2. Pier Valerianus, de Litterat. Infelicitate lib. I, pag. 28.
  3. Ad septuagesimum ferè annum pervenit gallicâ tabe ex vagâ venere quæsitâ non obscurè consumptus. Jovius, Elogior., cap. XLVIII, pag. 115. Voyez aussi les vers de Latomus qu’il rapporte.
  4. Pag. m. 531.
  5. À la page 224.
  6. Insigne quidem et meritum elogium, sed certè honestius si alieni ingenii inscripsisset. Jovius, in Elog., cap. XLVIII, pag. 115.
  7. Voyez Freherus, in Theatro, pag. 1434.
  8. J’en parle dans la remarque (F).
  9. Et non pas Carion, comme l’appelle Nicolo Toppi, dans ses Additions à la Bibliothéque de Naples, pag. 164.
  10. Elle a été souvent imprimée à part, et incorporée dans les éditions Variorum, même dans celle de Paris, chez Sébastien Cramoisi, 1610, in-folio.
  11. Voyez le Toppi, ubi suprà.
  12. Beughem, Incunab. Typograph., p. 150.