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SCHUTZE.

esse quasi encyclopædiam, eâque solâ constare [1].

Les éditions de l’institution de Calvin que j’ai vues sont les suivantes : celle de Genève, 1550, in-4°., ex officinâ Johannis Gerardi ; celle de Robert Étienne, 1553, in-folio [2] : ces deux-là sont en latin, et ne contiennent que XXI chapitres, divisés chacun en plusieurs sections. L’édition française de Genève, chez Jéhan Gérard, 1553, in-4°. ; l’édition latine de Genève, chez François Perrin, 1568, in-folio. Six autres éditions françaises de la même ville : une chez Conrad Badius, 1560, in-folio ; une de l’imprimerie de Jacques Bourgeois, 1562, in-4°. ; une de l’imprimerie de Thomas Courteau, 1564, in-8o. ; l’édition française de Lyon, chez Jean Martin, 1565, in-8°. ; une chez François Perrin, 1566, in-folio ; et une de l’imprimerie de Jacob Stoer, 1609, in-folio. J’ai vu aussi l’édition latine faite à Genève par Jean le Preux, in-folio, l’an 1590. Elle est augmentée d’analyses et de quelques autres pièces composées par divers auteurs. Les éditions de Genève, in-8°., chez Jean le Preux, 1592 et 1602, sont conformes à celle-là. J’ajoute que l’édition de Genève, 1617, in-folio, apud Joh. Vignon, Petrum et Jacobum Chouet, fait le sixième volume d’une édition latine des Œuvres de Jean Calvin. Avec ses lettres, elle fait de même un volume de ses Œuvres de l’édition d’Amsterdam, chez Jean-Jacques Schipper, en 1667, in-folio.

  1. Vincent. Baronius, Parænet, ad Th. Raynaud., in limine Apologet, Ord. Domiric., folio, quod præcedit folium i.
  2. Elle fut achevée d’imprimer le 4 de février 1553.

SCHUTZE (Jean), ministre luthérien en Allemagne, au XVIe. siècle, publia entre autres livres un écrit qu’il intitula : Le Diable Sacramentaire, Sacramentarius Diabolus. On peut juger par-là de l’emportement qui l’animait contre les zuingliens (A). Il publia aussi, en 1579 ; un livre contenant cinquante raisons pour lesquelles il ne fallait point embrasser la communion des calvinistes.

(A) L’emportement qui l’animait contre les zuingliens. ] Afin qu’on puisse juger de la pièce par l’échantillon, je citerai un passage que je trouve dans George Braun. On y verra que notre Schutze représentait les calvinistes comme les personnes du monde les plus turbulentes, les plus séditieuses et les plus cruelles. Hic seditionis genius non tantùm lutheranos, sed galainistici furoris ministros, magis exagitat quod lutherani in confratribus suis accuratè observârunt, dùm inter varias causas, quare sacramentariam calvinistarum doctrinam acceptare nequeant præcipuam et illam allegent, quòd seditiosi, et tumultuosi sint, pacis publicæ et tranquillitatis politicæ turbatores, quorum hoc unicum institutum est, ut seditionum factiones, tumultum, dissidia, ac tandem cœdem ac sanguinis effusionem procurent. Maximè cum duplici nomine latrones existant, non satiati si hominurm animas doctrinæ falsitate interimant, verùm etiam, omnem quam possunt cunque diligentiam adhibeant ut per seditiones, latrocinia, et cœdes pro nefario suo genio, in civitatibus instituant. Hoc Johannes Schutzius in Causarum Explicatione, et in Sacramentario suo Diabolo, paginâ 354 [1].

Il est à remarquer que George Braun, ecclésiastique de Cologne, fait là un reproche d’humeur séditieuse et violente aux protestans, qui leur est fait par une infinité d’autres écrivains papistes, et qui est le même que celui qu’ils font en toute rencontre au parti romain. Juvénal, sans doute, n’eût point pu lire ce passage de George Braun sans s’écrier :

Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ?
Quis cœlum terris non misceat, et mare cœlo,
Si fur displiceat Verri ? homicida Miloni ?
Clodius accuset mæchos ? Catilina Cethegum ?
In tabulam Syllæ si dicant discipuli tres [2] ?

Quoi qu’il en soit, rapportons une seconde preuve de l’emportement de Schutze. Sacramentarismus camerina ac sentina est quædam, in quam multæ hæreses confluunt, ultima Satanæ

  1. Georg. Braunins, in Tremonensium Catholicorum Defensione, pag. 165, 166.
  2. Juven., sat. II, vs. 24.