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ZUÉRIUS.

ville lorsque les Espagnols l’eurent subjuguée l’an 1625, et se retira à Leyde où il eut soin de l’éducation de son petit-fils [1], qui sert de matière à cet article. Henri Boxhornius est auteur de quelques livres de controverse. Il eut pour antagoniste Henri Cuyckius, qui l’accusa de se dire faussement de la famille des Boxhorn. Ce Cuyckius, professeur en philosophie à Louvain, grand vicaire et official de l’archevêque de Malines, et enfin évêque de Ruremonde, publia en 1596 une Epistola parænetica, dans laquelle il exhortait Henri Boxhorn à rentrer dans le giron de l’église. On lui répondit qu’on n’avait garde de rentrer dans une église si corrompue. Il revint à la charge : on lui répliqua par un Anti-Cuyckius, imprimé à Leyde l’an 1598. Boxhornius avait été attaqué sur la noblesse ; Cuyckius ne lui passa point la rétention d’être descendu des Boxhorn, famille noble dans le Brabant [2]. Voyez l’Histoire du siége de Bréda [3].

(B) Il n’avait que vingt ans lorsqu’il publia plusieurs ouvrages considérables. ] Comme Theatrum Urbium Hollandiæ ; Scriptores Historiæ Augustæ, cum animadversionibus ac notis [4] ; Poetæ satirici minores, cum Commentariis ; Plinii Panegyricus. Il méritait d’avoir place parmi les enfans célèbres dont M. Baillet a dressé une si curieuse liste ; car pour ne rien dire des vers qu’il publia à l’âge de dix-sept ans, et qui furent fort-applaudis [5], il est certain qu’en 1681 il donna une édition de Suétone, avec des notes, qui porta les professeurs de l’académie à lui conseiller de demander la profession en langue grecque qui était vacante [6]. Il était donc auteur dans les formes à l’âge de dix-neuf ans. Combien de livres considérables publia-t-il l’année suivante ? Il n’était pas nécessaire de se servir d’aucun mensonge officieux pour le mettre sur le pied d’un auteur précoce ; la vérité la plus exacte pouvait suffire à cela : je voudrais donc que Valère André s’y fût tenu en toute rigueur, et qu’il n’eût point dit que Boxhornius publia des livres dans sa seizième année, et qu’il fut installé professeur en éloquence et aux belles-lettres avant l’âge de dix-neuf ans. La première de ses productions parut l’an 1629, et il ne fut professeur qu’en 1632. Ajoutez qu’il avait treize ans lorsqu’il sortit de Bréda pour aller à Leyde : on se trompa donc encore d’un an, lorsqu’on ne le fait âgé que de douze au temps qu’il fut immatriculé à Leyde [7]. Il arriva à Boxhornius comme à plusieurs autres, que, quand l’âge eut augmenté ses lumières il eut quelque honte de ses premières productions, et qu’il témoigna quelque envie de les renoncer pour siennes. Il paraît néanmoins qu’il gardait en même temps un bon reste de tendresse, puisqu’il eut soin de publier avec cette espèce d’exhérédation les louanges que Saumaise lui avait écrites. Claudius Salmasius juveniles hosce conatus sibi adeò probari tum temporis literis ad Boxhornium datis significavit, ut maxima quæque ab ipso non tantùm sperare, sed sibi et eruditorum orbi et quidem ex vero promittere adeòque præsagire fuerit ausus : quæ illius herois verbis ipsis publicè alibi [8] leguntur, eo nempè loco quo Boxhornius ipse postmodùm hæc ipsa aliaque juvenilia damnavi, ac proindè inter scripta sua vix numeravit. C’est ce que nous apprenons dans la Vie de Boxhornius. Cela me fait souvenir de ce que Grotius écrivit un jour à Scrivérius [9].

(C) Le chancelier Oxenstiern....

  1. Jacobus Baselius, in Vitâ Marci Zuerii Boxhornii.
  2. Voyez M. Baillet, Anti, tom. I, pag. 158 et suiv.
  3. Page 153.
  4. En quatre volumes in-12. Moréri se trompe quand il dit que cet ouvrage, le Panégyrique de Pline, Justin, et quelques poëtes satyriques, furent publiés par Boxhornius, l’an 1631 ; Valère André fait la même faute à l’égard de l’Histoire Auguste.
  5. Omniun applausu lectos fuisse non semel audivi Jacob. Baselius, in ejus Vitâ.
  6. Suetonius tanto omnium favore exceptus est, ut clarissimi hujus acad. profess., ad linguæ græcæ professionem quæ jam vacat aspirare me voluerint. Boxhornius, in Epist., page m. 15 edit. Francof. Sa lettre est datée du 29 septembre 1631.
  7. C’est Valère André qui fait cela. Hankius, de Romanar. Rer. Script., page 295, copie presque toutes ses fautes.
  8. In Apologiâ pro Commentario ad Agricolam Taciti adversùs Dialogistam.
  9. Voyez l’article Thomæus, tome XIV, page 131, citation (6).