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DISSERTATION

[a] à faire savoir au public, que c’est à tort qu’on veut rendre le corps des réfugiés responsable de ces mauvais livres : si bien que dans toute la postérité il y aura quelques actes contemporains, pour le purger des malignes imputations qu’on tâchera de verser sur cette cause. Qu’on ne dise pas que ces excellentes plumes qui ont donné le désaveu, l’ont fait anonymement ; car ayant répondu pour le général, sans que personne se soit pourvu contre leur déclaration, c’est une marque que le corps y acquiesce. Joignez à cela que le nom de celui qui a écrit tous les quinze jours sur les matières du temps, d’une manière si fine et si judicieuse, est très-connu d’un chacun. Et pour celui qui publie l’inimitable Histoire des Ouvrages des Savans, y a-t-il quelqu’un qui ne le connaisse par son nom ; nom qui depuis long-temps s’est rendu illustre, et dans le barreau et dans l’église et de vive voix et par écrit ; nom que deux frères rendent tous les jours fort célèbre de plus en plus, l’un [b] par d’éloquentes prédications, et par de savantes réponses à M. l’évêque de Meaux ; l’autre [c] par l’incomparable journal dont j’ai parlé ; pour ne rien dire d’un cousin [d] qui a relevé Casaubon à l’attaque des Annales de Baronius. Quant à la Défense des Réfugiés contre l’Avis important, ce ne peut-être qu’une personne très-digne d’en être crue [e], lorsqu’elle assure quelque chose comme de la part de ses confrères. Il satisfait pleinement aux reproches qui regardent l’esprit satirique, et il éclaircit son sentiment sur l’autre point avec une grande dextérité d’esprit. Tout bien considéré, l’on trouvera qu’encore qu’un désaveu qui aurait précédé les sanglans reproches de l’adversaire, et qui aurait été fait par des gens chargés d’une procuration synodale, aurait été et plus glorieux et plus authentique, il n’y a néanmoins que des chicaneurs outrés qui puissent revenir à la charge. Mais je reviens à mon sujet.

XVII. L’Oraison funèbre de Goulart laisse quelque doute.

M. Voët ne s’est pas assez fié au témoignage de Simon Goulart, pour trouver étrange qu’on veuille demeurer encore dans le pyrrhonisme à l’égard de Junius Brutus ; et j’avoue, pour moi, que j’y aperçois encore des difficultés et des embarras, quelque fortement qu’il semble que je me sois déclaré pour Hubert Languet, qui est celui auquel M. de la Mare adjuge le livre. C’est dans un ouvrage qui n’est point encore imprimé (D), et je ne sais. point si la chose y est particularisée, comme dans la Harangue du professeur de Genève, ou autrement ; ni quelles preuves on donne. Si l’on pouvait prouver que l’écrit de Junius Brutus a été

  1. L’auteur des Lettres sur les Matières du Temps ; celui de l’Histoire des Ouvrages des Savans : celui de la Défense des Réfugiés, contre l’Avis important.
  2. M. Basnage, ministre de Rotterdam.
  3. M. Basnage de Beauval, docteur en droit.
  4. M. Basnage de Flottemanville, ministre à Zutphen.
  5. C’était un ministre nommé Coulan, qui est mort en Angleterre depuis deux ou trois ans. On écrit ceci l’an 1696.