la queue coupée, et difforme, au reste par toutes les autres parties du corps parfait, auquel neanmoins les autres chevaux s’efforçoient joindre et coupler d’une telle ardeur et affection qu’ils se rompoient la corne du pied montans et remontans par plusieurs fois sur lui d’autant qu’ils glissoient pour l’airain de quoi il estoit composé. Et pour quelques coups qu’on leur pust donner, on ne les pouvoit chasser ; mais ils hennissoient comme s’ils eussent trouvé une jument en chaleur. Du Bartas a voulu parler de la même merveille quand il a dit [a] ;
Cette jument d’airain sur qui les estalons
Lançaient étant en rut leurs fragiles talons.
Mais Simon Goulart, son commentateur,
s’est imaginé mal à
propos qu’il s’agissait-là du
chef-d’œuvre de Myron, qui fit
dit-il, une jument ou vache d’airain
si approchante du naturel,
que les chevaux couraient contre
pour la saillir. S’il se fût souvenu
du passage de Pausanias,
ou plutôt de celui de Pline, et
s’il eût bien considéré que les
épigrammes dont il parle au
même lieu ne nous permettent
pas de douter si Myron fit une
vache ou une cavale, il ne serait
pas tombé dans cette petite erreur.
Voyez ci-dessus la remarque
(B).
Outre les trois espèces d’hippomanes dont j’ai fait mention, il y a des gens qui en reconnaissent une quatrième. Ils se fondent sur l’autorité d’Aristote ; car ils prétendent qu’il a reconnu deux sortes d’hippomanes dans les jumens, l’une qui coule avant que le cheval les ait approchées ; l’autre qui coule lorsque par les premiers congrès elles ont un peu apaisé leur faim. M. de Saumaise, qui trouve dans Aristote cette distinction [b], a été cause que j’ai lu attentivement les paroles de ce philosophe [c] ; mais je ne l’y ai pas trouvée, quoique j’aie vu deux fois en très-peu de lignes la répétition de la remarque qui concerne l’hippomanes. Cette répétition ne doit point faire songer à deux choses différentes ; car bien qu’Aristote soit concis, il est pourtant vrai qu’il considère comme à deux reprises les symptômes des cavales qui sont en chaleur : et la raison pourquoi il en parle à deux reprises, est qu’il explique en particulier les accidens de celles qui s’éventaient, s’il m’est permis de parler ainsi, quæ ἐξανεμοῦσθαι, eventari dicebantur. Il fait entendre que cela n’arrivait point aux jumens qui étaient à portée du mâle : il le fait, dis-je, entendre lorsqu’il dit qu’à cause de cet accident les Créteins laissent ensemble les cavales et les étalons ; et après avoir parlé des courses que font,
- ↑ Sixième jour de la première semaine, vers 826.
- ↑ Differentiam itaque constituit Aristoteles inter hoc ἱππομανὲς quod equæ tum ejiciunt ubi semel salitæ fuerint, est que simile καπρὶα, et illud Ἱππομανὲς quod illis defluit ab inguine eo tempore quo maris cupiditate ardescunt nec dum admiserune. Salmas., Exercit. Plin., pag. 941.
- ↑ Arist., Histor. Animal., lib. VI, cap. XVIII.