tale de l’un de ces deux degrés, et la partie occidentale de l’autre, demeurassent incultes et inhabitées. Qui ne sait que tout homme qui veut continuer impunément le carnaval jusques au premier dimanche de carême n’a qu’à s’en aller à Milan, où le jeûne n’est d’obligation que quatre jours après le mercredi des Cendres ?
Monsieur,
Vous serez sans doute surpris de la résolution que je viens de prendre. Je me suis mis en tête de compiler le plus gros recueil qu’il me sera possible des fautes qui se rencontrent dans les dictionnaires, et de ne me pas renfermer dans ces espaces, quelque vastes qu’ils soient, mais de faire aussi des courses sur toutes sortes d’auteurs, quand l’occasion s’en présentera. Quoi ! direz-vous, un tel dont on attendait tout autre chose, et beaucoup plutôt un ouvrage de raisonnement qu’un ouvrage de compilation, va s’engager à une entreprise où il faudra faire plus de dépense de corps que d’esprit ! c’est une très-fausse démarche. Il veut corriger les dictionnaires ; c’est tout ce que lui auraient pu prescrire ses plus malicieux ennemis, s’ils avaient eu sur sa destinée le même pouvoir qu’avait Eurysthée sur celle d’Hercule ; c’est pis qu’aller combattre les monstres ; c’est vouloir extirper les têtes de l’hydre ; c’est du moins vouloir nettoyer les étables d’Augias [a] ; c’est enfin la pénitence que l’on eût dû imposer à ces brouillons qui ont abusé de leur loisir et de la crédulité des peuples, pour annoncer, au nom et en l’autorité de l’Apocalypse, toutes sortes de chimères,
.... jussit quod spendida bilis [b].
Je le plains : que ne laissait-il
cette occupation à ces robustes
savans qui peuvent étudier
seize heures par jour sans préjudice
de leur santé, infatigables
en citations et en toutes
autres fonctions de copiste, bien
plus propres à faire savoir au
public les choses de fait que
celles de droit ?
Si vous le prenez ainsi, monsieur, craignez que votre amitié pour moi ne vous séduise, et corrigez votre erreur par l’aveu sincère que je vous fais, que je ne me sens capable que de très-peu de chose, de quelque côté que je me voulusse tourner. J’avoue qu’en travaillant à ceci j’applique mes petites forces par leur faible, au lieu de choisir l’endroit par où elles se pourraient produire avec le moins de désavantage. Mais en vérité ce n’est pas la peine de choisir, lorsque