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LE TASSE.

Lorraine[a], la première épouse de Charles, qui fut ensuite duc de Lorraine ; et la seconde, de François de Vaudemont, grand-père de M. le duc de Lorraine d’aujourd’hui. Ces deux princes, qui étaient frères, étaient cousins germains de ces deux princesses, qui étaient filles de Henri, duc de Bar et ensuite de Lorraine, et de sa seconde femme ; car Catherine de Bourbon, sa première femme, ne demeura que six mois avec lui : la diversité de religion les brouilla, et les porta à une séparation ; Catherine mourut en 1604[1].

Dans ce même article l’éditeur se trompe dans la liste des ducs de Lorraine. Le Gérard, qui mourut en 1048, ne fut jamais marchis de Lorraine, comme il est marqué dans la nouvelle édition ; ce fut son second fils Gérard qui le fut par son mariage avec Hedwige, héritière du comté de Namur, que sa mère Hermengarde lui avait laissé[2].

  1. Ceci est contraire à la netteté du style : il eût fallu, dont la première fut épouse, etc. Rem. de M. Bayle.
  1. Cela est corrigé dans l’édition de 1725, pag. 209, col. 1. Nouv. Observ.
  2. Dans cette édition, pag. 207, col. 2, Gérard, mort en 1048, est nommé comte et marchis d’Alsace ; et Gérard son fils, duc et marchis de Lorraine. Nouv. Observ.

LE TASSE. Le nom de l’historien de ce poëte est estropié ; l’éditeur l’écrit Decharné, au lieu de de Charnes : c’est le doyen de Villeneuve-lez-Avignon, homme distingué par l’amour qu’il a pour les belles-lettres, et par les ouvrages qu’il a donnés depuis quelques années au public : il travaille actuellement à la Vie de Pétrarque ; mais ce que l’éditeur aurait pu ajouter à son article et qui l’aurait bien embelli, c’est que Jean-Baptiste Pigna, qui a fait l’Histoire des princes d’Est, dont il était domestique, était cet ennemi du Tasse dont celui-ci se plaint en diverses occasions sans le nommer, et duquel il a fait le portrait, et décrit les mœurs, d’une manière si spirituelle dans son Aminte, sous le nom de Mopse. Cette remarque n’a pas été faite dans le commentaire que M. Ménage donna sur l’Aminte, non plus que dans la Vie du Tasse, de l’abbé de Charnes ; je la dois à l’auteur des Essais de Littérature, qui donna un extrait de l’Histoire de ce poëte dans son[a] Essai de juin et juillet 1703[1]. M. Bayle qui n’a dit que deux mots du Tasse, dans la première édition de son Dictionnaire critique, avait promis d’en augmenter l’article dans la seconde édition, il n’a pas tenu sa parole ; je le somme de la part des savans de satisfaire à son engagement dans le supplément de ce même Dictionnaire, qu’on écrit de Hollande qu’il va publier.

  1. N’ayant point lu cet Essai, j’ignore si l’auteur cite quelque écrivain qui lui eût appris cette particularité concernant Jean-Baptiste Pigna : s’il n’a cité personne, les éditeurs du Moréri seraient très-blâmables d’insérer cette particularité-là dans l’article du Tasse : ils ont sujet de se défier comme d’une invention romanesque de tout ce qui est débité sans preuve dans les Essais de Littérature. Rem. de M. Bayle.
  1. On ne parle point du Pigna dans l’article du Tasse de la dernière édition. On a bien écrit le nom de l’abbé de Charnes. Dans les Mémoires de Littérature, de M. de Sallengre, tom. I, pag. 184, il est nommé M. de Charner. C’est, sans doute, une faute d’impression. Nouv. Observ.