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MILLET. MILTON.

du marquis de Marignan, écrite per Erycius Puteanus : aussi elles ont été imprimées ensemble : cette dernière est une relation de la guerre de Muzzo ; petite ville sur le bord occidental du lac de Côme. Le marquis de Marignan fut, à proprement parler, l’auteur de cette petite guerre : il y gagna la ville de Marignan, une grosse somme d’argent, et le titre de marquis. Ce supplément a été oublié de même que l’ouvrage auquel il sert d’addition [1].

  1. On n’a pas encore fait entrer cette particularité dans l’article du marquis de Marignan, ni parlé de l’ouvrage de Galéasse Capella de Bello Mussiano, que M. Grævius a inséré dans le troisième tome de son Trésor des antiquités de l’Italie. Nouv. Observ.

MILLET. Ce nom a été altéré dans cette édition, où l’on a mis Milet pour Millet ; et cette faute est particulière à cette édition, puisqu’elle n’est pas dans les autres. Il est important de la relever, afin qu’on l’évite dans les autres éditions. Quand je dis important, c’est par rapport à un des plus grands mathématiciens du siècle passé, qui a porté ce nom. Je parle de Claude-François Millet de Chales, de la compagnie de Jésus, qui d’ailleurs était d’une des plus considérables maisons de Savoie, laquelle a donné des archevêques à la Tarentaise, des premiers présidens à la chambre des comptes de Chambéri, et plusieurs autres personnes constituées en dignité [1].

  1. Dans l’édition de 1725 on trouve : « Milet de Chales (Claude-François), jésuite, voyez Chales : » et sous Chales, il y a Chales (Claude-François Millet de), jésuite, etc. Nouv. Observ.

MILTON. Cet article n’est pas assez exact. L’éditeur nous aurait donné une juste idée de cet auteur, s’il nous avait appris ses véritables sentimens sur la religion. Milton, qui écrivit tant pour justifier l’attentat que ses compatriotes formèrent contre la vie de l’infortuné Charles Ier. leur roi, était un homme sans religion. Il en professa plusieurs à la vérité, mais il ne faisait que voltiger sur la surface de chacune : car il fut d’abord de la religion anglicane ; trouvant ensuite la secte des puritains, qui sont de rigides calvinistes qui s’élevèrent en Angleterre en 1565, plus à son gré, il l’embrassa. La même légèreté qui lui avait fait abandonner la religion anglicane, lui fit aussi abandonner la secte des puritains pour suivre celle des anabaptistes. On crut alors Milton tout-à-fait fixé, mais on se trompa : la déclaration qu’il fit à la mort, qu’il n’était attaché à aucune religion, le découvrit enfin pour ce qu’il était, c’est-à-dire, pour un impie déterminé [a].

Milton était un très-mauvais poëte, et encore plus mauvais orateur : ses poésies sont pitoyables ; les lois de la quantité y sont violées presqu’à tous les vers ; on sent, en les lisant, que c’est l’ouvrage d’un écolier ; ainsi il n’avait pas besoin de nous en avertir, on le reconnaît assez en le parcourant. Quelques auteurs ont

  1. Notre auteur ne devait pas se contenter d’avertir l’éditeur du Moréri que ces choses manquent à l’article de Milton : il devait aussi lui indiquer les sources des preuves, car l’une des lois les plus essentielles qu’un auteur de Dictionnaire historique doive suivre est de ne rien avancer sans citer des autorités. Rem. de M. Bayle.