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URCÉUS.

vincial, du célèbre M. Bayle ; il aurait trouvé un article particulier, dans lequel ce sujet est fort détaillé. Trusches se trouvant à la fin du Dictionnaire, qui n’a été achevé que les derniers mois de l’année dernière, et le livre de M. Bayle ayant paru en France dans le milieu de cette même année, l’éditeur aurait encore été à temps de corriger cette faute, mais il en coûte trop quand on veut faire les choses dans la dernière exactitude. Il y a beaucoup de conformité dans la conduite de ces deux électeurs. Trusches, à l’exemple de Mansfeld, trouvant la loi du célibat trop dure, en secoua le joug, et se maria ; mais il n’imita pas la docilité de son prédécesseur, qui, convaincu de l’incompatibilité qu’il y a entre une femme et un archevêché, se soumit aux lois de l’église, et abandonna de bonne grâce sa dignité ; au lieu que Trusches disputa jusqu’au dernier moment de sa vie pour conserver l’un et l’autre : le rapport qu’il y a dans les aventures de ces deux prélats a sans doute obligé Moréri et ses continuateurs, de les rapprocher si fort [1].

  1. M. Bayle avait relevé cette faute de Moréri, dans sa Réponse aux Questions d’un Provincial, tom. I, chap. LX, pag. 536. On a profité des particularités qu’il rapporte touchant Gebhard Truchses, dans l’édition de 1725, quoi qu’on ne le cite pas à la fin de cet article. Nouv. Observ..
U.

URCÉUS. La patrie de ce savant homme ne devrait point faire la matière d’un [a] paradoxe : l’éditeur a trouvé M. Bayle incertain sur ce sujet [b], et flottant entre les divers sentimens de Piérius Valérianus et de Gesner ; il a hésité à son exemple. Mais le doute n’était pas difficile à lever, et dans cette occasion, l’autorité de Piérius Valérianus ne doit pas balancer celle de Gesner, parce que celui-ci parle sur la foi et sur le témoignage de Barthélemi de Boulogne qui a fait la vie d’Urcéus. Or un historien, un auteur qui a travaillé ex professo (pour ainsi parler) à la vie d’un homme, est bien plus croyable qu’un autre qui n’a fait que compiler, et qui a plutôt travaillé à donner l’éloge de quelques savans qu’à donner une histoire exacte de leur vie. Un auteur de ce dernier genre ne s’attache guère à approfondir chaque sujet ; cela le mènerait trop loin : il s’attache plus à rassembler une infinité de matériaux qu’à en choisir de bons ; mais un historien particulier, tel qu’a été Barthélemi de Bologne ; un auteur,

  1. Il fallait dire d’un Problème. Rem. de M. Bayle.
  2. Pour avoir raison de dire qu’un auteur est incertain et flottant, il faut qu’il ait dit qu’il ne sait laquelle choisir entre deux choses qu’il rapporte ; car de rapporter deux sentimens sans dire en propres termes que l’on embrasse ou celui-ci ou celui-là n’est une bonne preuve que l’on soit flottant, que l’on hésite ; c’est seulement faire voir que l’on se contente d’être historien, et qu’on laisse aux lecteurs la liberté de choisir. M. Bayle a fait assez entendre le parti préférable, puisqu’il a marqué que Gesner citant Barthélemi de Bologne, donne Herberia pour patrie à Urcéus, et puisqu’il a dit que Barthélemi de Bologne a écrit la vie d’Urcéus. Rem. de M. Bayle.