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WESTPHALE.

    à se jeter sur lui, ne fut autre chose que l’effet d’un transport au cerveau. Il est vrai que de son vivant on le tenait un peu épicurien..…

    « Codrus avait la réputation de savoir bien le grec. Politien l’élut par cette raison juge de ses épigrammes grecques. Alde lui dédia le recueil d’épîtres grecques qu’il fit imprimer in-4o. l’an 1499. Codrus n’était pas non plus mauvais grammairien latin. Codro, dit Erasme dans son Cicéron, nec latinæ linguæ facultas decrat, nec urbanitas. Le supplément de l’Aulularia, dans plusieurs éditions de Plaute, est de lui. Il y est qualifié humaniste italien vivant sous Sigismond et sous Frédéric III, empereurs ; ce qui n’est pas vrai, car comment peut-il avoir vécu sous Sigismond, étant né près de neuf ans après la mort de cet empereur ? Jamais homme, au reste, ne vécut dans une plus grande simplicité. Mantuan, à la fin de ses Silves, a dit de lui qu’il tenait l’Iliade d’Homère sur ses genoux, pendant qu’il écumait le pot d’une main, et de l’autre tournait la broche.

    Ilias in manibus, spumat manus una lebetem
    Una veru versat. Tres agil ille viros. »

    Dans ces mêmes additions, tom. 1, pag. 336, M. de la Monnoye met Codrus au rang des auteurs licencieux : « Qu’on parcoure, dit-il, la plupart des harangues intitulées Sermones, que Codrus a prononcées à l’occasion des auteurs qu’il entreprenait d’expliquer, on y trouvera une liberté plus que cynique. »

    Les œuvres de Codrus sont très-rares, quoiqu’il s’en soit fait quatre éditions. La première fut imprimée à Bologne en 1502, in-folio : la seconde, à Venise en 1506, aussi in-folio : la troisième, à Paris en 1515, in-quarto : et la quatrième, à Bâle en 1540, aussi in-quarto.

    M. de Saint-Hyacinthe a donné un Extrait fort étendu des Œuvres de Codrus, dans ses Mémoires littéraires, tom. 1, art. 5, pag. 259 et suiv.

    J’en tirerai presque mot à mot un narré suivi de la Vie de Codrus, qui, joint aux particularités rapportées par M. la Monnoye, pourra servir de correctif et de supplément au Dictionnaire de M. Bayle ; et il ne tiendra qu’aux nouveaux éditeurs du Moréri d’en profiter. Mais cet abrégé est trop long pour entrer dans cette note ; on le trouvera [ci après page 440] à la suite de ces Remarques critiques. Nouv. Observ.

W.

WESTPHALE. Il est vrai que l’éditeur a corrigé l’article de Jean Westphale, qui est un théologien imaginaire, auquel Moréri attribue des erreurs abominables. Mais il a plus fait qu’on ne lui demandait, car on n’exigeait pas qu’il supprima [a] tout l’article, mais bien qu’en ôtant à Jean Westphale la qualité de théologien, qui, certainement, ne lui était pas due, il lui rendit celle d’imprimeur qui lui appartient. Ce Jean Westphale ou de Westphalia n’est pas un personnage si obscur qu’il ne mérita une place dans le Dictionnaire. C’est le premier imprimeur qui parut dans les Pays-Bas ; il s’établit à Louvain en 1475, et les Morales d’Aristote furent son premier [b] ouvrage [1].

  1. Il fallait dire supprimât, et dans la période suivante qu’il ne méritât. Voici des fautes de langage, toutes telles que celles du sieur de Valone, marquées ci-dessus à l’article Actor, note (a) ; joignez-y le j’en eu pu faire que vous trouverez ci-dessous dans la conclusion de l’auteur, au lieu de j’en eusse pu faire. Rem. de M. Bayle.
  2. C’est le sentiment de Gabriel Naudé ; mais le sieur de la Caille, dans son Histoire de l’imprimerie, pag. 30, veut que dès l’an 1473 Jean de Westphalia ait imprimé à Louvain plusieurs ouvrages, comme Pet. Crescentius de omnibus Agriculturæ partibus, etc., in-folio. Rem. de M. Bayle.
  1. Notre auteur n’est encore ici que le copiste de M. Bayle, qui a fait voir que le Jean Westphale de Moréri, Hérétique Luthérien, etc., est un homme imaginaire. Ce n’est pas, ajoute M. Bayle, qu’il n’y ait eu un Jean de Westphalia, mais c’était un imprimeur qui s’établit à Louvain l’an 1475 ; et il cite là-dessus Gabriel Naudé. Cet imprimeur se nommait tantôt Johannes de Westphaliâ, tantôt Johannes Westphalia Paderbornensis, tantôt Johannes de Paderborn in Westphaliâ, et tantôt Johannes Padelboern de Westphaliâ. Il imprima non-seulement à Louvain, mais à Alost et à Nimègue. En 1474 il s’associa avec Théodoric Martini d’Alost. Il donna en 1475 Justiniani Institutiones cum