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ZIEGLER.

qu’on leur demandât le pardon de ses péchés. Nous ne voyons pas que cette dame de l’île de Céa le leur demande.

Observons en passant qu’on admirait moins ceux qui se faisaient mourir dans leur mauvaise fortune, que ceux qui renonçaient à la vie dans un temps de prospérité, et par la seule raison de se dérober à l’inconstance du sort. Était-on une fois prévenu des maximes des stoïques, on regardait comme des lâches ceux qui aimaient la vie pendant les infirmités du corps ou les infortunes flétrissantes. On prétendait qu’en de tels cas il ne fallait point recourir à d’autre remède qu’à la mort, sans murmurer et sans se plaindre, et que c’était le propre de ceux qui aimaient la vie d’accuser les dieux et les hommes. Othon allégua cette maxime en mourant. Plura de extremis loqui, pars ignaviæ est : præcipuum destinationis meæ documentum habete, quod de nemine queror ; nam incusare deos vel homines, ejus est, qui vivere velit [1].

  1. Tacit. Histor., lib. II, cap. XLVII.

ZIEGLER (Jacques), professeur en théologie, mathématicien et cosmographe, a fleuri au XVIe. siècle. Il était né à Landshut dans la Bavière (A). On dit qu’il fut professeur en mathématiques dans l’académie d’Upsal [a]. Paul Jove l’a cru Suédois [* 1], et il se fondait apparemment sur quelques ouvrages de Ziegler qui concernent ce pays-là (B). Mais cette preuve serait à peine suffisante à ceux qui auraient dit simplement qu’il y a fait quelque séjour ; car il dit lui-même qu’il a composé son ouvrage de la Scandinavie sur les Mémoires qui lui avaient été communiqués pendant qu’il était à Rome (C). L’évêque de Passau [b], prélat de beaucoup d’érudition, fut son Mécène, et lui fit faire un tombeau dans sa ville épiscopale [c]. Ziegler s’était retiré chez ce prélat lorsque la terreur des armées ottomanes l’avait obligé de sortir de Vienne, où il avait enseigné long-temps [d]. Il mourut au mois d’août 1549, et non pas 1559, comme on le débite dans le Moréri. La lecture de quelques-uns de ses ouvrages a été absolument interdite par l’inquisition ; celle des autres n’a été permise qu’à condition que l’on y corrigerait certaines choses, et que l’on apposerait toujours au mot Ziegler la note d’auteur condamné [e]. Il y a des écrivains protestans qui le reconnaissent pour leur frère [f]. Il avait dès l’an 1523 beaucoup de dispositions à se réformer. Cela paraît par un ouvrage qu’il fit à Rome en faveur d’Érasme, contre Jacques Stunica (D), et qui fut imprimé à Bâle par Jean Froben cette année-là [* 2]. Ce qu’il fit sur l’astronomie n’est pas mauvais (E). Il y a plusieurs auteurs qui se nomment Ziegler :

  1. (*) Lindaw, car Paul Jove avait apparemment lu Lindavium, est en Souabe, proche le lac de Constance. Ainsi sa méprise touchant la patrie de Jacques Ziegler, étant proprement d’avoir mis Suecus pour Suevus, est moins une méprise qu’une distraction d’esprit. Rem. crit.
  2. * Ziegler était à Strasbourg en 1531. Voyez une lettre de lui dans celles de Camérarius, 1568, in-16, feuille P.
  1. Schefferus, in Sueciâ Litteratâ, pag. m. 273. Il cite Messenius in Sueopentap., c. 6.
  2. Il s’appelait Wolfgang, et était de la maison des comtes de Salm.
  3. Gaspar Bruschius, de Laureacâ et Patavio Germanico, lib. II, pag. 273, 274, et in Epitaphio Jacobi Ziegleri, ibid., pag. 322.
  4. Thuan., lib. VI, pag. m. 118.
  5. Voyez l’Index Librorum prohibitorum, à la page 546 de l’édition de 1667.
  6. Voyez Molierus, Hypomn, ad Sueciam Litteratam, pag. 441.