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ACCURSE.

collègue de Bartole était fils d’un Accurse qui enseignait le droit à Reggio sa patrie, vers l’an 1273, et qui lut aussi à Padoue[1]. Guillaume Duranti fait souvent mention de lui.

Donnons encore ici une observation de M. de la Monnaie. « Antoine Augustin parle en plusieurs endroits[2] de ses Emendationes de cette dispute de Bartole touchant la leçon d’un certain mot du paragraphe dernier de la loi si creditor au D. de distract. pign., et incline à croire que ce fut plutôt avec Balde qu’avec François fils d’Accurse[* 1], que Bartole eut cette dispute. Alexandre d’Imola, cité par le même Antoine Augustin, a aussi cru que c’est entre Balde et Bartole que la contestation était survenue. Mais Bartole lui-même ayant positivement écrit que c’était avec François fils d’Accurse, l’expédient que Panzirole fournit paraît le plus recevable : » et, comme on le vient de voir, c’est aussi le parti qui m’a paru le plus probable.

  1. * Joly remarque que dans le texte de Bartole il y a seulement François Accurse, lequel, étant collègue de Bartole en 1340, ne saurait être François fils d’Accurse, professeur avant 1270.
  1. Idem, ibid. cap. XLII, pag. 160, 161.
  2. Et surtout au liv. IV, chap. XVII.

ACCURSE (Marie-Ange, en latin Mariangelus) est un des critiques qui ont vécu au seizième siècle. Il était d’Aquila (A), dans le royaume de Naples. Sa grande passion était de chercher et de conférer les vieux manuscrits, afin de corriger les passages des anciens. Les Diatribes, qu’il fit imprimer à Rome, in-folio, l’an 1524, sur Ausone, sur Solin et sur Ovide, montrèrent de quoi il était capable en ce genre d’érudition. Il avait fort travaillé sur Claudien (B) ; mais cet ouvrage n’a point été publié, encore que l’auteur eût fait savoir qu’il y avait corrigé environ sept cents passages sur les anciens manuscrits. Barthius a témoigné du chagrin de ce qu’un pareil ouvrage n’est point sorti de dessous la presse [a], et de ce qu’on ne réimprimait point les autres [b]. Il ne méprise point Accurse du côté de l’esprit, et il le trouve souvent judicieux. Ce critique faisait des vers en latin et en italien (C) ; il entendait et la musique et l’optique, et il voyagea au septentrion (D). Ceux qui nous apprennent cela pouvaient ajouter qu’il entendait parfaitement la langue française, l’espagnole et l’allemande ; qu’il ramassa un grand nombre d’antiques qui furent mises dans le Capitole, et qu’il passa trente-trois ans[* 1] à la cour de Charles-Quint, auquel il était fort agréable, et dont il reçut bien des faveurs[c]. Il ne faut pas oublier que son édition de Marcellin est plus ample de cinq livres que les précédentes [d] (E). Cette édition est d’Augsbourg, en 1533. Il prétend avoir corrigé cinq mille fautes dans cet historien[e]. Il publia, en la même année et dans la même ville, les Lettres de Cassiodore, en douze livres, accompagnées du Traité de l’âme ; et c’est à lui que l’on doit la première édition

  1. * Charles-Quint ayant abdiqué en 1555, et Accurse étant encore à Rome en 1524, Joly remarque qu’Accurse ne peut avoir passé 33 ans à la cour de ce monarque. Ce serait tout au plus 31, qu’il faut réduire de beaucoup, si A. M. Accurse est mort en 1535, comme le croit Joly.
  1. Barth. in Statium, tom. II, pag. 399 ; tom. III, pag. 1602 ; in Claudian. pag. 826 ; et Adversarior. lib. XX, cap. XVIII.
  2. On l’a fait à l’égard d’Ausone dans l’édition d’Amsterdam, en 1671, mais non pas selon toute l’étendue du titre qui promet Notas integras Accursii.
  3. Nicolo Toppi, Biblioth. Napoletana, pag. 206.
  4. Henr. Valesii Præf. in Ammian. Marceli.
  5. Toppi, Biblioth. Napolet, pag. 206.