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ADRICHOMIA.

aux belles-lettres dans l’académie. Il lui succéda dans cette charge de professeur[a], et laissa un fils nommé Marcel Adriani, qui fut très-docte, et qui exerça le même emploi[b], et qui prit le titre de il Torbido dans l’académie de gli Alterati[c]. Il y a des gens qui trouvent notre Jean-Baptiste un peu partial contre le pape Paul III[d].

  1. Rilli Notitie litterarie, pag. 253.
  2. Là même, pag. 255.
  3. Le Bocchi, au Ier. livre des Éloges joints au Rilli, pag. 48.
  4. Spond. Annal., ad annum 1545, num. 18, pag. 402.

(A) Et commence à l’an 1536. ] Ne l’ayant point, il faut que je n’en rapporte au témoignage de M. de Thou ; mais j’avertis mon lecteur que, selon M. de Sponde[1], notre Adriani a commencé son histoire à l’an 1537, et l’a finie à l’an 1574. Elle comprend vingt-deux livres, et fut imprimée à Florence, chez les Giunti, l’an 1583, in-folio ; et à Venise, en deux volumes in-4°, l’an 1587. Marcel Adriani, fils de l’auteur, fut celui qui publia cette histoire. Il la dédia à François de Médicis, grand-duc de Toscane. Elle comprend l’espace de 44 ans, si nous en croyons le Bocchi[2].

(B) Avait communiqué ses mémoires à l’auteur. ] M. de Thou avait déjà dit dans le XXXVIIe. livre ce qu’il pensait là-dessus, à l’occasion des secrètes conférences qu’eut Catherine de Médicis avec le duc d’Albe, lors de l’entrevue de Bayonne. Ceux de la religion, gens fort soupçonneux, dit-il [3], ont publié qu’on machina dans ces conférences l’extirpation de leur secte. Ce qui est arrive ensuite apprendra certainement à notre postérité si cela est faux ou non. Il ajoute que Jean-Baptiste Adriani, historien très-sincère et très-judicieux, et à qui apparemment les mémoires du duc de Florence avaient fourni bien des choses [4], a débité qu’on avait conclu dans cette entrevue, selon l’avis du roi d’Espagne, expliqué par le duc d’Albe, que l’on abattrait les principales têtes des protestans, et qu’après cela l’on ferait main basse sur eux tous, à la manière des vêpres siciliennes. Je voudrais que d’Aubigné n’eût pas enchéri sur l’auteur qui lui servait d’original. Presque tous les historiens, dit-il[5], et entre ceux-là, Jean-Baptiste Adrian, qui avoit entre les mains les chiffres et secrets du duc de Florence, ont voulu comme d’un consentement que là ayent esté projettées les guerres des Païs-Bas, et les massacres qui ont depuis ensuivi. Il n’y a point de doute que M. de Thou ne soit en cela l’original que d’Aubigné a copié ; mais le copiste ne se donne-t-il pas trop de licence ? ne donne-t-il pas comme un fait certain ce que M. de Thou n’avait donné que comme une chose apparente ? Ne parle-t-il pas des chiffres et des secrets du grand-duc, de quoi M. de Thou n’avait rien dit ? car commentarii ne signifie point chiffres et secrets. Plus une accusation est atroce, plus doit-on s’arrêter aux termes d’une déposition, lors même que comme ici les apparences sont très-favorables. Si Zeiller avait jeté les yeux sur cet endroit de M. de Thou, il n’aurait pas osé dire que l’histoire d’Adriani finit à la mort de Charles V[6].

  1. Spond. Annal., ad ann. 1534, num. 18, pag. 426.
  2. Le Bocchi, au Ier. liv. des Éloges joints au Rilli, pag. 49
  3. Genus hominum suspicax. Thuan. Hist., lib. XXXVII, pag. 749, ad ann. 1565.
  4. Ex Cosmi Etruriæ Ducis Commentariis, ut vero simile est, multa hausit. Id. ibid.
  5. D’Aubigné, Hist., tom. I, liv. IV, ch. V.
  6. Zeiller, de Historicis, part. II, pag. 1.

ADRIANUS, ou ADRIAN, ou plutôt ADRIEN, empereur, pape, etc. Cherchez Hadrien.

ADRICHOMIA (Corneille), religieuse de l’ordre de saint Augustin, au seizième siècle, fille d’un gentilhomme hollandais, s’acquit beaucoup de réputation par la connaissance de la poésie, dont elle fit un usage conforme à sa profession ; car elle mit en vers les Psaumes de David, et composa plusieurs autres Poëmes