bien vêtu, et s’il eût fait bonne chère, ne se faisait nul scrupule d’être l’usurpateur d’un royaume. C’est ainsi que certains casuistes damnent sans rémission les femmes qui s’ajustent trop mignonnement ; ils ne peuvent souffrir ni leurs rubans, ni leurs pierreries : mais non-seulement ils permettent aux hommes de se soulever et de s’engager à une guerre civile, ils les y exhortent aussi.
(I) Aux exercices les plus puériles. ] Un jour qu’on le surprit à cheval sur un bâton avec ses enfans, il se contenta de dire à celui qui l’avait vu en cette posture, attendez à en parler que vous soyez père[1]. On ne pourrait pas citer ici ces vers d’Horace :
Ædificare casas, plostello adjungere mures,
Ludere par impar, equitare in arundine longa,
Si quem delectet barbatum, amentia verset[2].
Car ce poëte n’entend point parler
de ceux qui, par complaisance pour
leurs propres enfans, s’amuseraient à
de telles choses dans leur logis. La
Mothe-le-Vayer n’est point exact
lorsqu’il dit que le roi Agésilaüs,
aussi-bien qu’Alcibiade, furent surpris
folâtrant au milieu des petits
garçons, et que le philosophe Socrate
en faisait gloire[3]. On cite Sénèque
au dernier chapitre du Ier. livre De
Tranquillitate. Il y a plusieurs choses
qui manquent d’exactitude. 1o. Il aurait
fallu spécifier qu’Agésilaüs ne folâtrait
qu’avec ses enfans. 2o. Le Traité
De Tranquillitate ne contient qu’un
livre. 3o. Il n’est rien dit, ni d’Alcibiade,
ni d’Agésilaüs dans le chapitre
cité. 4o. Il n’y est point dit que Socrate
faisait gloire de folâtrer avec
les enfans. On se contente de dire
qu’il n’en avait point de honte. Cum
pueris Socrates ludere non erubescebat.
5o. Valère Maxime et Elien, qui rapportent
ce jeu de Socrate, disent
qu’Alcibiade l’y surprit. Non erubuit
tunc cum interpositâ arundine cruribus
suis cum parvulis filiolis ludens
ab Alcibiade risus est[4]. Σωκράτης
δὲ κατελήϕθη ποτὲ ὑπὸ Ἁλκιϐιάδου παίζων
μετὰ Λαμπροκλέους ἔτι νηπίου[5]
Socrates etiam aliquando deprehensus
est ab Alcibiade ludere cum Lamprocle
adhuc infante. Mais je ne me souviens
pas d’avoir lu que d’autres y
aient surpris Alcibiade. 6o. Ces deux
auteurs observent que c’était avec ses
propres enfans que Socrate folâtrait.
(K) Je ne crois pas que Dicéarque ait ignoré… le nom de la fille d’Agésilaüs. ] Cynisca fut non-seulement la première femme qui gagna aux jeux olympiques le prix de la course de chevaux, mais aussi la plus illustre de toutes celles qui dans la suite remportèrent une semblable victoire[6]. Le poëte Simonide l’honora d’une épigramme[7]. Elle consacra, pour un monument de sa victoire, des chevaux d’airain qui furent placés à l’entrée du temple de Jupiter Olympien [8]. Sa figure, faite par Apelle et ornée de plusieurs inscriptions, se voyait au temple de Junon, à Élide [9]. Les Lacédémoniens lui érigèrent un monument de héros, Ηρῷον[10]. Il n’y a donc point d’apparence que le nom de la sœur d’Agésilaüs ait été inconnu à aucun historien grec.
(L) Il aurait su le nom de la fille d’Agésilaüs s’il avait fait ce que fit Plutarque. ] Ce dernier historien nous apprend que Dicéarque s’était mis fort en colère de ce qu’on ne savait pas le nom ni de la fille d’Agésilaüs, ni de la mère d’Épaminondas. Ὁ Δικαίαρχος ἐπηγανάκτησεν. Stomachatur Dicæarchus, etc.[11]. Pour moi, continue-t-il, j’ai trouvé dans les registres des Lacédemoniens que la femme d’Agésilaüs se nommait Cléore, et que l’une de ses deux filles s’appelait Apolia et l’autre Prolyta. On ne doit pas trouver mauvais que Dicéarque se soit fâché de sa négligence des historiens ; car nous aimons naturellement à connaître la famille des grands hommes, il était un peu étrange que le nom des filles et de la femme d’Agésilaüs ne se trouvât que dans les archives de Lacédémone.
- ↑ Plut. in Agesilao, pag. 610 ; Ælianus Var. Hist., lib. XII, cap. XV.
- ↑ Horat. Sat. III, lib. II, vs. 247.
- ↑ La Mothe-le-Vayer, tom. I, pag. 217, édit. in-12.
- ↑ Valer. Maximus, lib. VIII, cap. VIII, sub fin.
- ↑ Ælian. Var. Hist., lib. XII, cap. XV.
- ↑ Paus., lib. III, pag. 88.
- ↑ Id. ibid.
- ↑ Idem, lib. V, pag. 159.
- ↑ Idem, lib. VI, pag. 178.
- ↑ Idem, lib. III, pag. 96.
- ↑ Plutarch. in Agesilao, pag. 606.