Et Lycum nigris oculis, nigroque
Crine decorum[1].
C’est apparemment le même que celui
qui avait une tache au doigt, laquelle
lui servait d’une parure tout-à-fait
charmante, selon le goût de ce poëte :
Nœvus in articulo pueri delactat Alcæum,
at est corporis macula nævus,
illi tamen hoc lumen videbatur[2].
Cicéron dit en un autre lieu, qu’encore
qu’Alcée eût témoigné beaucoup
de courage, il avait rempli ses vers
d’une excessive pédérastie : Fortis vir
in suâ republicâ cognitus, quæ de
juvenum amore scripsit Alcæus[3] ?
En tant qu’amoureux, il se compare à
un pourceau qui, mangeant un grain
de gland, en dévore déjà des yeux un
autre. Moi pareillement, disait-il,
pendant que je jouis d’une belle fille,
j’en souhaite une autre. Ἀ ὗς τὰν βάλανον
τὰν μὲν ἕχει, τὰν δ᾽ ἔρται λαϐεῖν.
Κἀγὼ παῖδα καλὴν τὰν μὲν ἔχω, τὰν
δ᾿ ἔραμαι λαϐεῖν. Scipion Gentilis rapporte
cela dans ses Notes sur l’Apologie
d’Apulée, page 65.
(D) Sa muse pouvait traiter noblement les matières les plus graves. ] C’est ce qui a fait dire à Horace :
Et te sonantem pleniùs aureo,
Alcæe, plectro, dura navis,
Dura fugæ mala, dura belli !
Utrumque sacro digna silentio,
Mirantur umbræ dicere : sed magis
Pugnas et exactos tyrannos
Densum humeris bibit aure vulgus[4].
M. Dacier remarque sur ces paroles,
1°. Que le style d’Alcée était noble et
fort, et qu’il traitait des matières plus
relevées que celles que traitait Sappho,
qui dit de lui dans Ovide,
Nec plus Alcæus consors patriæque Lyræque
Laudis habet, quamvis grandiùs ille sonet.[* 1]
2°. Qu’Horace lui donne le plectre d’or,
parce qu’il parle de cette partie de ses
ouvrages, où il décrivait les guerres
civiles qui étaient arrivées à Mitylène,
et les diverses factions des tyrans Pittacus,
Myrsilus, Megalagyrus, les
Cléanactides, et de quelques autres
[5], et que ces poésies étaient appelées
διχοςασιαςικὰ ποιήματα, poésies
sur les séditions. Il cite ce passage de
Quintilien : Alcæus in parte operis
aureo plectro meritò donatur quâ tyrannos
insectatur. Multùm etiam moribus
confert, in eloquendo brevis, et
magnificus, et diligens, plerùmque
Homero similis, sed in lusus et amores
descendit, majoribus tamen aptior
[6]. Joignez à cela l’épithète de menaçantes,
qui a été donnée à ses muses.
Et Alcæi minaces,
Stesichorique graves Camœnæ[7].
(E) Il fut aux prises avec Pittacus. ] Il vomit contre lui des injures fort grossières : il l’appela pied-plat, grosse bedaine, etc., comme nous l’apprenons de Suidas, sous le mot σαράτους, et de Diogene Laërce, dans la Vie de Pittacus. La modération de celui-ci fut fort louable, et a paru telle à Valère Maxime : Pittaci quoque moderatiane pectus instructum, qui Alcæum poëtam et amaritudine odii et viribus ingenii adversùs se pertinacissimè usum, tyrannidem à civibus delatam adeptus, tantummodò quid in opprimendo posset admonuit[8].
- ↑ * Ovid. Epist. XV, vs. 29.
- ↑ Horat. Od. XXXII, lib. I, vs. 6
- ↑ Cicero de Naturâ Deorum, lib. I, cap. 28.
- ↑ Idem, Tuscul. Quæst. IV, cap. 33.
- ↑ Horat. Od. XIII, lib. II, vs. 26.
- ↑ Strab., lib. XIII, pag. 424.
- ↑ Quint., lib. X, cap. I.
- ↑ Horat. Od. IX, lib. IV, vs. 7.
- ↑ Valer. Maxim., lib. IV, cap. I, ext.
ALCÉE, Athénien[a], poëte tragique, fut le premier, selon quelques-uns, qui composa des tragédies. Si l’on en croit Suidas, il est différent d’Alcée poëte comique, le cinquième de l’ancienne comédie, et fils de Miccus. Il renonça, ce semble, à sa patrie, qui était la ville de Mitylène, et se dit Athénien[b]. Il laissa dix pièces dont l’une était intitulée Pasiphaé : ce fut celle qu’il produisit lorsqu’il disputa avec Aristophane, en la 4e. année de la 97e. olympiade[c]. Athénée cite quelques-unes des autres. On ne sait pas bien si l’Endymion cité par Pollux appartient à Alcée le tragique ou à Alcée le comique ;