Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
379
ALCIAT.

cle[* 1]. Il était fils d’un riche marchand de Milan (A), et il naquit en cette ville au mois de mai 1492[* 2][a]. On prétend que sa mère ne sentit presque aucune douleur lorsqu’elle accoucha de lui [b]. Après avoir étudié les humanités sous Janus Parrhasius, qui enseignait à Milan[c], il fut étudier en droit à Pavie et à Bologne [d], et s’attacha principalement aux leçons de Jason, dans la première de ces universités, et à celles de Charles Ruinus, dans la seconde[e]. Après sa promotion au doctorat, il s’appliqua au barreau dans la ville de Milan[f] jusqu’à ce qu’il se vit appelé pour une chaire de droit par l’université d’Avignon (B). Il remplit cette charge avec tant de capacité, que François Ier le crut propre à faire fleurir la jurisprudence dans l’académie de Bourges. Il l’y attira donc[* 3], en 1529 (C) ; et dès l’année suivante, il lui fit doubler[* 4] sa pension qui avait été d’abord de six cents écus. Alciat professa cinq ans à Bourges, et il acquit de la gloire : mais il se servit d’une ruse pour obtenir une augmentation de gages (D). Il mêlait beaucoup de littérature à l’explication des lois, et chassait heureusement la barbarie de langage qui avait régné jusque-là dans les leçons et dans les écrits des jurisconsultes. M. de Thou le loue fort noblement là-dessus ; M. de Thou, dis-je, qui d’ailleurs était mal instruit de son histoire (E). La harangue que ce professeur fit sur-le-champ à François Ier, qui était entré dans son auditoire (F), plut beaucoup à ce monarque. François Sforce, duc de Milan, se crut obligé à faire revenir dans la patrie un homme qui pouvait y tant briller ; et il en vint à bout en lui donnant, outre de gros gages, la dignité de sénateur. Alciat alla donc enseigner le droit à Pavie ; mais il passa peu après à l’université de Bologne[g], et s’y arrêta quatre ans. Puis il revint à Pavie, d’où il alla à Ferrare [h], attiré par le duc Hercule d’Est, qui tâchait de rendre célèbre son académie. Elle reprit son éclat sous un professeur si couru ; mais au bout de quatre ans, Alciat la quitta pour retourner à Pavie, où enfin il trouva le vrai remède de son humeur inconstante (G), je veux dire la mort, le 12e. jour de janvier 1550[i].

{

  1. * Joly renvoie aux Mémoires de Nicéron, dont cependant il corrige quelques fautes.
  2. * Joly avait d’abord adopté l’opinion de la Monnaie qui regardait, d’après Naudé, le nom d’Alciat comme un nom de patrie, tiré d’Alzato, bourg du Milanais, et s’appuyait sur des vers latins signés Andreas Alzatus Victor, pour croire que Victor était le nom de famille. Mais, dans ses Corrections et Additions, Joly déclare que cette conjecture de la Monnaie est fausse.
  3. * Leclerc, d’après un passage d’une lettre d’Alciat, dit fort bien que ce ne fut pas François Ier., mais les magistrats et les professeurs de Bourges, qui l’avaient vu en 1527, qui l’engagèrent à y revenir.
  4. * Leclerc remarque qu’elle ne fut pas doublée, mais seulement augmentée de trois cents écus.
  1. Voyez la remarque (E).
  2. Panzir. de Claris Legum Interpret., lib. II, cap. CLXIX, pag. 353.
  3. Minos, in Vitâ Alciati.
  4. M. Teissier, Élog. tirés de M. de Thou, tom. I, p. 35, citant Claude Minos, dit qu’Alciat étudia à Vérone. Je n’ai point trouvé cela.
  5. Panz. de Claris Leg. Interpret., lib. II, cap. CLXIX.
  6. Minos in Vitâ Alciati.
  7. Il y fit sa harangue inaugurale, le 3 de novembre 1537.
  8. Il y fit sa harangue inaugurale, en 1543.
  9. Ex Panziroli de Claris Leg. Interpret.,