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ALEGAMBE.

l’an 1625, ne dura que peu de mois, et qu’Aléandre ne mourut qu’en 1631[* 1].

  1. * Le Crescim Beni met la mort de J. Aléandre au 11 mars 1629. Cette date, contestée par Nicéron, est confirmée, dit Joly, par Victorelli, à la fin de son éloge du cardinal Aléandre, imprimé dès 1630.

ALEGAMBE (Philippe), jésuite flamand, naquit à Bruxelles, le 22 de janvier 1592. Il étudia les humanités dans son pays, après quoi il s’en alla en Espagne, et entra chez le duc d’Ossune. Il le suivit en Sicile, lorsque ce duc y alla exercer la charge de vice-roi. Se sentant une vocation à la vie religieuse, il prit l’habit de jésuite à Palerme, le 7e. jour de septembre 1613. Il fit son noviciat et son cours de philosophie dans la même ville, et ses études de théologie à Rome, d’où il fut envoyé en Autriche, pour enseigner la philosophie dans l’académie de Gratz. Ayant rempli les devoirs de cette fonction au contentement de ses maîtres, il fut avancé à la profession en théologie scolastique, et promu solennellement au doctorat l’an 1629. Sur ces entrefaites, le prince d’Eggemberg, favori de l’empereur Ferdinand II, voulut faire voyager son fils, et lui donna un jésuite prudent et docte pour confesseur dans ses voyages. Le père Alegambe fut jugé propre à cet emploi : ainsi on le tira des écoles pour le faire voyager avec ce jeune seigneur. Il fut avec lui pendant cinq ans, et vit l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Étant de retour à Gratz, il y enseigna la théologie morale, et y fut le père spirituel de la jeunesse. L’an 1638, le jeune prince qu’il avait accompagné dans ses voyages fut nommé par l’empereur Ferdinand III à l’ambassade d’obédience auprès du pape Urbain VIII. Il voulut avoir avec lui le père Alegambe. Ainsi ce jésuite fit le voyage de Rome en qualité de confesseur de l’ambassadeur. Quand cette fonction fut finie, le général des jésuites le retint auprès de lui pour son secrétaire des dépêches latines qui regardaient l’Allemagne. Alegambe, ayant rempli quatre ans de suite les devoirs de cette pénible fonction, fut contraint de la quitter, à cause que l’application continuelle à écrire lui affaiblissait trop la vue. On lui donna alors la préfecture des choses spirituelles dans la maison professe, et la charge de confesser dans l’église, de quoi l’on assure qu’il s’acquitta admirablement. Il mourut d’hydropisie à Rome, le 6e. jour de septembre 1652[a]. Il n’a pas fait beaucoup de livres (A) ; mais il ne laisse pas de mériter l’éloge d’un très-bon auteur ; car la Bibliothéque des écrivains de son ordre est en son genre un bon livre, et surpasse de beaucoup tout ce qui avait paru d’ouvrages de cette nature jusqu’à ce temps-là. Il fallut qu’il employât une grande peine à ramasser les matériaux : cela demande deux talens qui ne se trouvent guère ensemble, beaucoup de patience et beaucoup d’ardeur. Il fallut ensuite mettre en ordre les mémoires ramassés ; et c’est ce qu’il y a de plus pénible dans cette sorte d’ouvrages, parce que l’on n’est plus sou-

  1. Tiré de Sotuel, Bibliotheca Scriptorum Societatis Jesu, Romæ 1675, in-folio, pag. 706, 707.