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ALEXANDER AB ALEXANDRO.

sensions que les disciples d’André Osiander causaient dans leur ville[1], il amena avec lui Ales, qui tint fort bien sa partie dans les disputes où l’on entra[2]. Mélanchthon le connaissait bien par cet endroit ; car il l’avait déjà eu pour assesseur, en 1554, dans la conférence de Naumbourg, où il s’agissait d’assoupir les troubles théologiques de la Prusse. Camerarius, à ce sujet, donne un fort grand éloge à Ales : Alexander Alesius, patriâ Scotus, valdè carus Philippo Melanchthoni, rei theologicæ intelligentissimus, et artifex excellens congruentium disputationum, et vir dignitate atque doctrinâ exquisitâ præstans [3]. Il avait remarqué en un autre lieu que Granvelle, qui présidait à la conférence de Worms, de la part de Charles-Quint, en 1541, ne voulut point qu’Ales, que l’électeur de Brandebourg y avait envoyé, parlât : Qui quidem et paratus erat et cupidus conflictus : sed huic obstitit jussum præsidis, qui et Alesium ad pugnam instructum sciret, et talem administrationem rei viciosam esse animadverteret.

  1. Camerar. in Vitâ Melanchthonis. Thomasius, Oratione de Alesio, pag. 321.
  2. Beza, in Iconibus.
  3. Camerarius, in Vitâ Melanchth.

ALEXANDER AB ALEXANDRO (A), jurisconsulte napolitain, qui avait beaucoup d’érudition, a fleuri vers la fin du XVe. siècle, et au commencement du XVIe (B). Il s’attacha au barreau avec ardeur, premièrement à Naples, et puis à Rome[a] ; mais tout le temps qu’il pouvait dérober aux embarras des procès, il le consacrait à l’étude des belles-lettres, et enfin il abandonna entièrement le barreau, afin de mener avec les Muses une vie plus tranquille et plus agréable. Voici la raison qu’il allègue pourquoi il renonça à la profession d’avocat (C). Il dit que ce fut à cause de l’ignorance ou de la méchanceté de ceux qui rendaient la justice, et qu’il aima mieux vivre en repos que de prendre beaucoup de peine à bien étudier la jurisprudence, puisque cette peine ne servait de rien contre la témérité d’un mauvais juge[b]. Il avait vu à Rome bien des exemples de ce désordre, lequel il cita à Raphaël Volaterran, qui lui avait demandé la cause de sa retraite. Il est un peu étrange que de ce grand nombre d’hommes doctes qui vécurent de son temps, ou qui ont fait l’éloge des savans de ce temps-là, il n’y en ait presque aucun qui fasse mention de lui (D). Nous saurions très-peu de chose de sa vie, s’il n’en avait touché lui-même quelques particularités dans son ouvrage[c]. C’est là que nous apprenons qu’il a été logé à Rome dans une maison où il revenait des esprits[d] ; et ainsi voilà un témoin à citer à nos incrédules ; un témoin, dis-je, qui se vante d’avoir vu, et qui raconte des singularités étonnantes du spectre qui tourmentait cette maison. Il dit aussi qu’étant fort jeune il allait aux leçons de Philelphe, qui expliquait à Rome les Questions Tusculanes de Cicéron[e]. On peut recueillir du chapitre XXI du IVe. livre, qu’il était à Rome lorsque Nicolas Perot et Domitius Calderinus y faisaient des leçons publiques sur Martial (E). Je ne

  1. Alex. ab Alex. Gen. Dier. lib. II, cap. I.
  2. Ibid., lib. VI, cap. VII.
  3. Intitulé Genialium Dierum libri VI.
  4. Alex, ab Alex. Gen. Dier. lib. V, cap. XXIII.
  5. Eum ego adolescentulus senem inter cæteros coævos meos colui et observavi. Ibid. lib. I, cap. XXIII.