Vare, tuum nomen (superel modò Mantua nobis,
Mantua væ miseræ nimiùm vicina Cremonæ)
Cantantes sublime ferent ad sidera cygni ;
sont appliqués par le grammairien
Servius à un Alfénus Varus, qui fut
envoyé par Auguste au-delà du Pô,
pour y commander, après que Pollion
eut perdu ce gouvernement. Le
même grammairien remarque qu’il y
a eu des gens qui ont appliqué au jurisconsulte
Alfénus Varus, successeur
de Servius Sulpitius, ces autres vers
de Virgile :
Nam neque adhuc Varo videor, nec dicere Cinnâ
Digna, sed argutos inter strepere anser olores[1].
Leur raison était qu’Alfénus Varus le
jurisconsulte avait composé quelques
vers. Servius les réfute, en montrant
qu’il faut appliquer cet éloge au poëte
Varius, qu’Horace a tant encensé.
(F) On croit que l’Alfénus de Virgile, celui de Catulle et le cordonnier, sont le même. Cela n’est pas sans diffîculté. ] Un homme qui s’applique au droit avec tant d’ardeur, que non-seulement il efface par ses progrès la honte du métier mécanique qu’il avait exercé au pays natal, mais qu’il succède aussi au plus grand maître de jurisprudence qui fût alors dans la république de Rome, est selon toutes les apparences assez grave, pour ne point entrer dans les plus étroites liaisons de débauche avec un Catulle, et tels autres galans de même volée, fort efféminés. Or, l’Alfénus, dont parle Catulle, était de la bande de ces impudiques,
Alphene immemor, atque unanimis false sodalibus[2] ;
il menait Catulle chez sa garce :
Varus me meus ad suos amores
Visum duxerat è foro otiosum,
Scortillum ut mihi tùm repentè visum est
Non sanè illepidum nec invenustum[3].
Il n’y a donc pas beaucoup d’apparence
qu’il fût le disciple de Sulpitius.
On a censuré Muret, qui avait dit que
le Varus qui avait mené Catulle chez
son amie était Quintilius Varus ; et
l’on a fondé la censure sur ce qu’il y
a pour le moins 57 ans entre la défaite
des trois légions de Varus et la
visite dont parle Catulle[4]. Je me
sers de cette raison. Il y aurait entre
cette même visite et le consulat d’Alfénus
[5] 50 ans plus ou moins : il
n’y a donc guère d’apparence que,
si le cordonnier de Crémone a été
consul l’an de Rome 754, il ait eu
une si étroite liaison de plaisirs et de
débauche avec Catulle 50 ans auparavant ;
car un cordonnier de province,
qui renonce à son métier, pour
aller étudier dans la capitale, n’est
point un jeune garçon, lorsqu’il est
ami intime des gens importans. Joignez
à cela, que celui qui rendit un
si bon office à Virgile commandait
au-delà du Pô, 40 ans avant le consulat
en question[6]. Il y a donc
lieu de douter que l’Alfénus qui a
été consul l’an 754 de Rome, soit le
même que le bienfaiteur de Virgile :
car il est rare qu’un homme parvienne
aux grandes dignités, lorsque la saison
ordinaire de les obtenir est passée
depuis fort long-temps. Voilà le
cas où étaient à Rome ceux qui,
après un gouvernement de province,
passaient quarante ans sans obtenir
la dignité consulaire.
- ↑ Virgil. Eclog. IX, vs. 35.
- ↑ Catull. Epigramm. XXVIII. M. Dacier sur Horat., Sat. III, liv. I, cite l’Épigramme XXVII de Catulle.
- ↑ Catul. Epigr. X.
- ↑ Scalig. in Catulli Epigr. X.
- ↑ On le met à l’an 754 de Rome.
- ↑ Servius in Ecl. IX, vs. 29.
ALFONSE. Cherchez les rois de ce nom sous celui de leur royaume[* 1].
ALYPIUS, d’Antioche, vivait sous l’empire de Julien l’Apostat. Il avait déjà commandé dans l’Angleterre, lorsque ce prince eut la fantaisie de faire rebâtir le temple de Jérusalem, et le préposa à ce travail. Alypius hâtait l’ouvrage avec une grande force, et se trouvait secondé par le gouverneur de la province[a]. Il fallut néanmoins qu’il aban-