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ALMAIN.

Mais, pour revenir à Léon Allatius, je dois dire qu’il était fort propre à dresser des listes ou des catalogues. Il le fit paraître lorsqu’il publia ses Apes urbanæ : c’est un livre qui devient rare, et qui est déjà bien cher en Hollande[1]. Il contient une liste de tous les hommes de lettres qui parurent à Rome, depuis l’an 1630 jusqu’à 1632, et une liste de leurs ouvrages. La raison du titre est tirée des abeilles que le pape Urbain VIII portait dans ses armes[* 1]. Il y a une autre liste d’Allatius, qui est moins connue que celle-là, et qui a pour titre Dramaturgia. Elle regarde les pièces de théâtre et leurs auteurs. livre qu’il publia à Rome l’an 1636, De Erroribus magnorum virorum in dicendo, contient plusieurs remarques dérobées à Claude du Verdier. M. Morhof le lui reproche[2].

(G) Messieurs de Port-Royal n’ont pas manqué de répondre quelque chose à M. Claude, en faveur d’Allatius. ] Il rapportent premièrement une partie de ce que M. Claude dit de lui ; et puis, il continuent de cette manière : « Mais, outre que ces reproches en l’air sont toujours de mauvaise grâce, que les écrits d’Allatius donnent tout une autre idée de lui, et que ses confrères[* 2] en ont parlé tout d’une autre sorte, en le citant avec éloge ; ils sont encore contre le bon sens : car il y a si loin d’être intéressé ou aigre contre les auteurs que l’on réfute, à être fourbe et capable de supposer de faux passages et de fausses histoires, qu’il n’y a nulle conséquence de l’un à l’autre. Il n’en est pas des vices comme des vertus des hommes : ils n’ont nulle liaison entre eux ; ils sont même souvent contraires : et des gens peuvent être emportés, violens, flatteurs, intéressés, sans qu’on ait droit pour cela de croire que les passages qu’ils citent soient supposés. L’on a moins encore de sujet de le croire d’Allatius que d’un autre, parce que des livres qu’il a cités, lorsqu’ils n’étaient encore que manuscrits, ayant été imprimés depuis, ont justifié sa fidélité ; et que d’ailleurs il paraît qu’il s’est toujours extrêmement piqué de la réputation de savant critique, et que l’on sait que les gens de cette sorte sont fort éloignés de falsifier les auteurs[3]. Il est certain que M. Drelincourt cite honorablement Allatius, et se prévaut de sa doctrine touchant la pythonisse qui fit voir l’ombre de Samuël. Il cite son Traité de Engastrimytho, publié l’an 1630.

  1. * Joly note que les Apes urbanæ ont été réimprimées par les soins de J.-A. Fabricius en 1711. Il donne aussi 1°. le titre de deux écrits d’Allatius, omis par le père Nicéron, aux Mémoires desquels il renvoie ; 2°. la liste des ouvrages promis par Allatius, et non imprimés.
  2. (*) Drelincourt, Dialog. de la Descente aux Enfers, pag. 290 et suiv. Notez que dans mon édition, qui est la deuxième, il faut chercher à la page 465 et aux suivantes ce qui concerne Allatius.
  1. On ne l’y trouve point chez les libraires ; mais on l’y trouve quelquefois dans ce qu’on appelle Auctions en style walon. Ce sont les ventes publiques des bibliothéques.
  2. Morh. de Patavin., pag. 86. Polyhist., pag. 179.
  3. Réponse générale à M. Claude, chap. XIII, pag. 212.

ALMAIN (Jacques), professeur en théologie à Paris, dans le collége de Navarre, a fleuri au commencement du XVIe. siècle. Il était de Sens, et il s’acquit la réputation d’un des plus subtils dialecticiens et des meilleurs scolastiques de ce temps-là. Le grand attachement qu’il eut pour la doctrine de Scot et pour celle d’Occam et de Gabriel Biel, peut faire foi du caractère de son génie. Il enseigna la logique et la physique, avant que d’être agrégé, en l’année 1508, à la maison de Navarre, et il publia des Traités sur ces deux parties de la philosophie en 1505 et en 1508. Il fut reçu docteur en théologie, l’an 1511 ; et, l’année d’après, il expliqua, dans le collége de Navarre, le IIIe. livre des Sentences. Il fut employé en ce même temps à écrire pour le roi Louis XII contre le pape Jules II, et pour l’autorité des conciles contre un écrit du cardinal Cajetan.