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AMBOISE.

laisser en repos : 1o. Il était trop sec et trop décharné. 2o. Il devait être sous Amaseus, et non pas sous Romulus. 3o. Il fallait dire, non pas qu’Amaseus a traduit les œuvres de Xénophon ; mais qu’il a traduit les sept livres que Xénophon a composés de l’expédition de Cyrus le jeune.

(B) Quelques-uns disent qu’il mourut l’an 1558, à l’âge de soixante-neuf ans. ] M. de Thou s’est trompé en mettant la mort de Romulus Amaseus à l’an 1558. Car ce Romulus était mort dès l’an 1552[* 1]. Nous en avons la preuve dans une lettre de Giovan Antonio Serone, intime ami de Romulus, datée du 20 octobre de cette année-là, et insérée dans le recueil du Turchi, pag. m. 257. Voilà ce que <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de la Monnaie m’a fait la faveur de m’écrire. Au reste, si Amaseus était mort l’an 1558, on aurait raison de dire qu’il vécut soixante-neuf ans, car le jour de sa naissance est marqué dans les figures de Luc Gauric au 24 de juin 1489[1]. J’ai trouvé dans cet ouvrage de Gauric trois ou quatre particularités que j’insérerai ici. Amaseus était maigre, de grande taille, chauve, et avait la tête petite. Il fut secrétaire du sénat à Boulogne, et il enseignait l’éloquence dans la même ville, aux gages de trois cents écus par an. Il enseigna ensuite dans Rome, sous Paul III, et eut pour cela une pension de six cents écus : Nutu Pauli III, ex lecturâ in urbe, habebat 600 aureos. <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de Thou ignorait cela.

(C) Les traductions de Pompilius Amaseus se bornèrent à deux fragmens du VIe. livre de Polybe. ] Pompilius Amaseus, ayant traduit ces fragmens qui traitent de la discipline militaire des Romains, les éclaircit par un Commentaire qui est parmi les manuscrits de la Bibliothéque de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M. de Thou[2]. Ce manuscrit est en italien. L’auteur a traduit tant en latin qu’en sa langue maternelle ces fragmens-là.

  1. * Le Duchat confirme cette date de 1552.
  1. Voyez le folio 72, verso, édition de Venise, en 1552, de ces Figures de Gauric.
  2. Voyez la pag. 453 du Catalogue de cette Bibliothéque.

AMASTRIS, nièce du dernier Darius, et femme de Denys, tyran d’Héraclée. Cherchez son histoire dans article de ce Denys. Vous y trouverez aussi la ville d’Amastris, fondée par cette princesse.

AMBOISE (François d’), Parisien, mérite une place parmi les personnes que la profession des lettres a élevées aux honneurs du monde. Il était fils d’un chirurgien de Charles IX, et il fut entretenu, par la libéralité de ce prince, au collége de Navarre, pendant ses études de rhétorique, et pendant celles de philosophie. Il enseigna ensuite dans ce collége ; car on trouve, qu’en 1572, il avait déjà régenté la seconde classe pendant quatre ans. On le fit alors procureur de la nation de France. Il s’attacha depuis au droit, et devint fort bon avocat au parlement de Paris ; après quoi, il eut une charge de conseiller au parlement de Bretagne ; et enfin, il fut maîtres des requêtes[a] et conseiller d’état[b]. Il voyagea en divers païs loingtains (A). Il publia, pendant sa jeunesse, quantité de vers français, et quelques pièces latines, qui sans doute ne lui semblaient pas des endroits fort honorables[* 1], quand il se vit élevé aux dignités ; car ces sortes d’ouvrages sentent un homme qui court après les matières du temps, et qui envoie ses muses à la quête de part et d’autre, tantôt par des complimens de condoléance, tantôt par

  1. * Leclerc dit, au contraire, que Fr. d’Amboise se fit toujours honneur de sa profession d’homme de lettres ; et c’est ce que confirme Joly.
  1. Ex Michael. Thurioti Laudatione Hadriani Amboesii. Vide pag. 356, 799 et 800, Historiæ Gymnasii Navarræ Joan. Launoii.
  2. Dans l’édition des Œuvres d’Abélard, il a le titre d’Equitis, Regis in sanctiore Consistorio Consiliarii, Baronis Chartræ, etc.