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ABBOT.

tué par mégarde le concierge du parc de Bramzel, qui appartenait à milord Zouch. L’évêque de Lincoln qui était garde des sceaux, fit entendre à milord Buckingham que l’archevêque de Cantorbéri était déchu ipso facto de sa dignité, par le meurtre qu’il avait commis. Il allégua les lois d’Angleterre, et la sévérité de l’ancienne discipline. Il fit craindre que les papistes ne tirassent avantage de ce qu’on laisserait exercer les fonctions d’archevêque et de primat du royaume à un homme qui avait les mains teintes de sang. En un mot, il fit si bien, qu’on expédia une commission à quelques évêques et à quelques autres seigneurs, pour examiner le fait. L’issue n’en fut point agréable aux ennemis de Georges Abbot ; car on jugea qu’il n’était point devenu irrégulier par ce meurtre involontaire. Ceci se passa en 1621[* 1]. Six ans après, il s’éleva contre lui une nouvelle tempête qui le renversa. Il ne s’en faut pas étonner : le favori [a] lui voulait du mal, et ne pouvait digérer que de certaines personnes qui lui étaient odieuses fussent trop souvent à la table de l’archevêque, l’une des meilleures de ce temps-là. Le prétexte dont on se servit fut que ce prélat refusa son approbation à un sermon du docteur Sibthorp sur l’obéissance apostolique, encore que le roi lui eût commandé de l’approuver. Alors on le suspendit de toutes les fonctions de la primatie, et on les fit exercer par quelques prélats, et entre autres par Guillaume Laud, qui depuis fut son successeur[b]. Abbot se retira dans le lieu de sa naissance, et puis au château de Croyden, où il mourut le 4 d’août 1633. On voit son tombeau avec divers ornemens et avec diverses inscriptions, dans l’église de Guildford. Il fonda un hôpital bien renté dans cette ville. Il y a un autre Georges Abbot (B), qui a publié en anglais une Paraphrase sur Job ; de courtes Notes sur les Psaumes ; Vindiciæ Sabbati[c]. Il vivait en 1640[* 2].

  1. * Joly, d’après Niceron, remarque que des lettres de pardon données le 21 novembre 1621 sont antérieures et non postérieures à la protestation, qui est de 1623.
  2. * Chauſſepié a fait, dans son Dictionnaire, quelques additions à cet article.
  1. Le duc de Buckingham.
  2. Tiré des Historical Collections de Jean Rushworth, tom. I, où l’on voit un long mémoire de Georges Abbot sur les procédures de sa suspension.
  3. Athenæ Oxonienses, tom. I.

(A) Et auteur de plusieurs livres. ] Les principaux sont : Quæstiones sex theologicæ totidem prælectionibus disputatæ imprimées à Oxford, en 1598. Doctor Hill’s Reasons for Papistry, unmasked ; c’est-à-dire, les Raisons du docteur Hill[1] pour Les Papistes, démasquées, à Oxford, en 1604. Des Sermons sur le prophète Jonas. L’Histoire du massacre de la Valteline. Une Géographie, dont la neuvième édition, qui n’a pas été la dernière, est de l’an 1607. Ces trois derniers ouvrages sont en anglais ; comme aussi le traité de la Visibilité perpétuelle de la vraie église, imprimé à Londres en 1624, auquel il n’a point mis son nom.

(B) Un autre Georges Abbot. ] C’est à quoi n’a pas pris garde le sieur Henninges Witte, dans son Diarium biographicum, où il donne à l’archevêque de Cantorbéri les ouvrages de cet autre Georges : les Paraphrases sur Job et sur les Psaumes, et les Vindiciæ Sabbati. Il lui donne aussi un Traité contre les Évêques, et un autre contre les Brownistes. Ce serait une chose bien rare que le primat d’Angleterre eût écrit contre les évêques.

  1. C’était un homme qui avait embrassé la religion romaine.