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ABDAS.

tination. Je donne les titres de ses ouvrages (A). Il y a eu depuis lui un Robert Abbot, natif de Cambridge, qui a publié divers livres en anglais. Il a été ministre à Londres, après l’avoir été au pays de Kent et ailleurs[a]. Le Catalogue de la Bibliothéque d’Oxford a coupé cet auteur en trois : on y parle de trois Robert Abbot, auxquels on partage les livres qui n’ont été composés que par une seule et même personne.

  1. Athen. Oxoniens.

(A) Je donne les titres de ses ouvrages. ] Outre ceux dont j’ai parlé, il fit le Miroir des Subtilités Papistiques, à Londres, en 1594 ; Sermons sur le Psaume cent dix, au même lieu, en 1601 ; la Défense du Catholique réformé de Guillaume Perkins, contre le docteur Bishop ; et une Réplique à la Réponse du même docteur, à Londres, en 1611 : ces quatre ouvrages sont en anglais, et j’en ai abrégé les titres. Antichristi Demonstratio contra Pontificios, à Londres, en 1603 [1] ; Exercitationes de Gratiâ et Perseverantiâ Sanctorum, à Londres, en 1618. Son Commentaire latin sur l’Épître de saint Paul aux Romains fut trouvé dans son cabinet ; il contient quatre volumes, et il a été donné à la bibliothéque d’Oxford, par le docteur Édouard Corbet, mari de Marguerite Brent, fille de Marthe Abbot ; laquelle Marthe fut la fille unique et héritière de notre Robert, évêque de Salisbury [2]. L’Épître aux Romains ne fournit point de sujet de controverse sur lequel ce docte prélat n’étende le grand talent qu’il avait pour la polémique.

  1. Scaliger loue fort ce livre dans le Scaligerana, pages 1 et 2.
  2. Voyez les auteurs anglais que j’ai cités dans le corps de cet article.

ABDAS, évêque dans la Perse, au temps de Théodose le Jeune, fut cause, par son zèle inconsidéré, d’une très-horrible persécution qui s’éleva contre les chrétiens. Ils jouissaient dans la Perse d’une pleine liberté de conscience, lorsque cet évêque s’émancipa de renverser un des temples où l’on adorait le feu. Les mages s’en plaignirent d’abord au roi (A), qui fit venir Abdas ; et, après l’avoir censuré fort doucement, lui ordonna de faire rebâtir ce temple. Abdas n’en voulut rien faire, quoique le prince lui eût déclaré qu’en cas de désobéissance, il ferait démolir toutes les églises des chrétiens. Il exécuta cette menace[a], et abandonna les fidèles à la merci de son clergé (B), qui, n’ayant vu qu’avec douleur la tolérance qu’on leur avait accordée, se déchaîna contre eux avec beaucoup de furie. Abdas fut le premier martyr qui périt en cette rencontre : il fut, dis-je, le premier martyr, si l’on peut ainsi nommer un homme qui, par sa [b] témérité (C), exposa l’Église à tant de malheurs. Les chrétiens, qui avaient déjà oublié l’une des principales parties de la patience évangélique, recoururent à un remède qui causa un autre déluge de sang. Ils implorèrent l’assistance de Théodose ; ce qui alluma une longue guerre entre les Romains et les Perses[c]. Il est vrai que ceux-ci eurent le désavantage ; mais était-on assuré qu’ils ne battraient pas les Romains ; et que, par le moyen de leurs victoires, la persécution particulière des chrétiens de Perse ne deviendrait pas générale sur les au-

  1. Ex Theodoreti Hist. Eccl., lib. V, cap. XXXIX.
  2. Vedelius, théologien protestant, blâme cet évêque. Voyez Voetii Disputat., tom. III, pag. 310.
  3. Socratis Hist. Eccles.. lib. VII, cap. XVIII.