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de goudron, leur horizon de vergues et de cheminées d’usines, par tout ce qui grondait en elles émané des enfers industriels. Et, il nous faut mentionner parmi les évocations de Londres qui parsèment la trilogie, ce magnifique poème des Flambeaux Noirs, les Villes, d’abord pour son incomparable puissance et sa large beauté, mais surtout pour ce qu’il annonce de l’œuvre — tout un cycle celle-là — que bientôt la ville lui inspirera. Oh ! ces mois de Londres, que de germes, ils contenaient encore insoupçonnés…

Il peut sembler banal à ceux qui ne reconnaissent pas l’importance d’un détail concret dans l’existence d’un artiste, de constater que la maladie de l’esprit qui enfanta cette trilogie avait pour origine une simple maladie d’estomac — la commune maladie d’estomac qui torture le mortel ordinaire, emplissant ses nuits de cauchemars, et qui, curieusement, tyrannisa une âme véhémente d’artiste jusqu’à modeler le contour de ses visions. Ces troubles de l’appareil digestif, des bâfres excessives auxquelles s’était livré l’auteur des Flamandes durant les premières et folles années de sa vie à Bruxelles, — et où « la belle, saine, odorante et saignante viande », comme il dit quelque part, tint peut-être une place excessive — les avaient mûris : puis vint le séjour à Forges chez les moines, dont les détestables ratas, aggravant le mal, déterminèrent la crise dont Verhaeren souffrit pendant des années.

Je ne puis m’empêcher de songer ici au grand