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dormies, d’un peuple, la Belgique artistique s’émut et résolut d’offrir publiquement à Émile Verhaeren son hommage — où l’affection et l’admiration demeuraient inséparables.

Une vaillante petite revue, l’Art Jeune, prit l’initiative d’un banquet qui eut lieu à Bruxelles, le 24 février 1896. Une foule était venue. L’heure fut émouvante, fraternelle et mémorable. On fêtait l’homme admirable de bonté, de droiture et d’indépendance autant que le poète.


Les Visages de la Vie (1899) et un peu plus tard les Forces Tumultueuses (1902), dans cette neuve voie moderne et universelle que suit désormais Émile Verhaeren, représentent une autre étape. Moins âpres et tourmentés que les Villes, ces deux recueils offrent les indices d’une sérénité d’autant plus émouvante et large que le poète dut longtemps errer et peiner avant de la conquérir. Et cette sérénité lui vient d’avoir prêté l’oreille à certains accents merveilleux, prélude d’une révélation qui illuminera la dernière partie de son œuvre et lui donnera son sens final. Le poète est désormais en proie à une grande Idée.

Les merveilleux livres, si gros de germes, si gonflés d’essor, si dignes de leurs titres évocatoires ! Ils semblent avoir été mis tous deux sous